Nouvelle donne

Publié le 12 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

L’ex-rébellion du CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie) a gagné son pari. En l’espace de six mois, ses troupes ont quitté le maquis, et la formation dirigée par Pierre Nkurunziza s’est imposée comme l’un des principaux acteurs sur la scène politique burundaise.
Le CNDD-FDD a obtenu la majorité absolue aux communales du 5 juin. Selon les résultats officiels, il arrive en tête avec 1 781 sièges sur les 3 225 à pourvoir. Le CNDD-FDD a obtenu 62,87 % des voix, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu, à majorité hutue), 20,48 %, et l’Union pour le progrès national (Uprona, à majorité tutsie), 5,25 %.
Conformément au « Protocole de Pretoria », signé le 15 novembre 2003 entre le président Domitien Ndayizeye et le chef des FDD, l’ex-rébellion participait déjà au gouvernement, au sein duquel elle détient quatre maroquins. Elle dispose également de postes de haut rang dans les autres institutions, conformément à l’accord d’Arusha d’août 2000. À l’issue des communales, ce parti hutu dispose désormais de la majorité absolue dans 11 des 17 provinces du pays. Une victoire sans appel qui annonce la recomposition du paysage politique national après douze années de guerre civile. Et vient mettre un terme au long tête-à-tête entre l’Uprona et le Frodebu, les deux formations qui dominent la scène nationale depuis les élections de 1993. En se posant comme une alternative aux partis traditionnels, le CNDD-FDD espère profiter de sa virginité politique pour rallier les populations déçues par le Frodebu lors des prochaines législatives. « Les communales ont été un véritable plébiscite, et elles auront certainement un effet d’entraînement sur les scrutins suivants, confiait, le 8 juin, l’ex-président Pierre Buyoya à La Libre Belgique. Mais le CNDD-FDD n’aura pas la tâche facile. Avant, on pouvait promettre que cela irait mieux après les élections. Maintenant, il va falloir des résultats. »
Les communales ont ouvert une série de scrutins qui se poursuivra avec les législatives du 4 juillet et la présidentielle au suffrage indirect du 19 août. Mais le vote du 5 juin a aussi rappelé que certains rebelles n’ont pas encore déposé les armes. Le jour du scrutin, 6 communes (2 dans la province de Bubanza et 4 dans celle de Bujumbura rural) ont été la cible de violences. Ce qui n’a pas empêché les Burundais d’aller voter en nombre : le taux de participation a atteint 72 %. Ces opérations d’intimidation révèlent que la trêve conclue entre le gouvernement de transition et les forces du Palipehutu-FNL (Parti pour la libération du peuple hutu-Forces nationales de libération) reste fragile. Bien que les FNL aient signé un cessez-le-feu le 15 mai à Dar es-Salaam et que les pourparlers aient repris le 10 juin, les rebelles poursuivraient leurs attaques de manière sporadique. Reste à savoir si ces derniers éléments irréductibles ont encore les moyens de remettre en question le processus électoral.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires