Les promesses du sous-sol

Publié le 12 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

On sait aujourd’hui avec certitude que, sauf déstabilisation politique grave, la Mauritanie figurera, à partir de 2006, parmi les dix premiers producteurs africains d’or noir. Sa production pourrait même dépasser celle du Cameroun (100 000 barils par jour). C’est proche du niveau qui a contribué à la prospérité tunisienne dans les années 1980 et 1990… A 50 dollars en moyenne le baril, voire plus, la part qui ira dans les caisses de l’Etat (fiscalité et royalties) fera du pétrole un secteur aussi important que ceux de la pêche et du fer. L’espoir est que cette ressource providentielle, inespérée jusqu’à la découverte du gisement de chinguetti, le 13 mai 2001, puisse être utilisée à bon escient au profit d’une population qui a trop longtemps souffert de la misère et du désert.
Partie de presque rien en 1960, année de son accession à l’indépendance, la Mauritanie a longtemps vécu de l’élevage nomade et de la pêche, et beaucoup du commerce. L’exploitation minière était jusqu’en 1974 confiée à une entreprise française. Ses retombées économiques et sociales ont mis du temps à faire tache d’huile : développement du tourisme saharien et autres activités de services. Le revenu moyen d’un Mauritanien est de l’ordre de 450 à 500 dollars par an, niveau correspondant aux pays dits  » à faible revenu « . Mais ce n’est qu’une moyenne. Car un Mauritanien sur deux (46 % selon la Banque mondiale) vit en dessous du seuil de la pauvreté. Et un sur quatre (26 %) ne dispose pas des moyens pour vivre dignement, c’est-à-dire pour se loger, se nourrir et se soigner convenablement. A cela s’ajoute le fléau de l’analphabétisme (qui touche près de 60 % de la population âgée de 15 ans et plus), de la mortalité maternelle (avant ou lors de l’accouchement) et infantile (avant l’âge de 5 ans).

C’est dire que l’argent du pétrole trouvera de nombreux projets à financer. Sans attendre, comme ce fut le cas avec le minerai de fer, le gouvernement ne devrait pas laisser l’exploitation pétrolière exclusivement entre les mains de compagnies étrangères, aussi bien intentionnées soient-elles. Il a d’ores et déjà créé un ministère du Pétrole et devrait s’atteler à la création d’une véritable compagnie nationale. Pas une énième institution bureaucratique, mais un groupe d’hommes et de femmes motivés par le fait de servir l’intérêt supérieur de la nation : compétence et transparence pour contrôler la production (qualité et volume), pour vendre au meilleur prix, ainsi que pour former des équipes mauritaniennes d’économistes, de géologues, de chercheurs… A l’Etat, il revient de fixer les grandes missions avec un unique objectif : utiliser le pétrole pour éradiquer la pauvreté dans un avenir proche, non pas en distribuant à tout-va, mais en favorisant la création de petites et moyennes entreprises. En accélérant et en élargissant les programmes déjà en cours pour permettre un accès véritablement universel à l’éducation primaire, à l’eau potable courante, à l’électricité et à la santé. Et en évitant surtout qu’un petit groupe s’enrichisse au détriment de la majorité.

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