Elevage, mode d’emploi

Publié le 12 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

S’il est un secteur qui, depuis des siècles, assure la richesse du pays, c’est bien l’agro-pastoralisme. Près de la moitié de la population en vit encore, et la contribution de l’élevage au PIB, aujourd’hui de 15 %, dépasse celle du reste de l’agriculture ou de l’industrie manufacturière. Le nomadisme qui consiste, pour les éleveurs et leurs familles, à suivre les animaux dans leur recherche de pâturages, y subsiste encore, même s’il est en baisse, alors qu’il était le mode de vie dominant il y a encore trente ans. Les éleveurs sont en train de se sédentariser, mais les troupeaux continuent à transhumer et reviennent seuls à leur point d’attache. Le cheptel, sévèrement réduit à chaque vague de sécheresse, s’est toujours reconstitué, tant il est adapté à son environnement.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le cheptel est aujourd’hui l’un des plus importants dans la région sahélienne, avec plus de dix millions de petits ruminants (ovins et caprins), plus d’un million et demi de bovins, et plus d’un million de camelins. Cela fait des siècles que la Mauritanie est autosuffisante en viande rouge et exporte des animaux sur pied dans les pays de la région (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Guinée, Burkina, Algérie et Maroc).
Pourtant, elle importe quelque 7 000 tonnes de produits laitiers par an, alors que les trois industries laitières du pays, qui se substituent progressivement à l’importation, ne fonctionnent qu’à 36 % de leurs capacités. « Auparavant, rappelle Sidi Mohamed Ould Taleb Amar, ministre du Développement rural, de l’Hydraulique et de l’Environnement, le Mauritanien ne vendait pas le lait, mais pratiquait l’autoconsommation. On mettait des vaches à la disposition du voisin pour qu’il puisse profiter du lait. »
Malgré le développement de la consommation (un demi-litre par jour et par personne en moyenne, de préférence du lait de chamelle), la production est restée saisonnière et dispersée. Le fait que les industries laitières travaillent en dessous de leurs capacités s’explique par les difficultés à mettre en place un système de collecte. Cela n’est possible qu’aux alentours des zones où elles sont installées, avec une forte concentration d’éleveurs, et s’il y a des routes ou des pistes carrossables, ce qui n’est pas souvent le cas. L’électrification du Sud-Ouest, dans la vallée du fleuve Sénégal, et l’achèvement de la route Rosso-Boghé devraient contribuer à faciliter la collecte et la conservation du lait, donc favoriser le développement de l’industrie agro-alimentaire dans cette région à forte concentration d’élevage. Les responsables du secteur se penchent actuellement sur la possibilité d’améliorer les performances des races locales de vaches laitières (zébus) très adaptées à leur milieu et qui s’alimentent essentiellement dans les pâturages. Des expériences ont démontré qu’une amélioration de la nourriture des zébus maures permettrait d’atteindre un rendement de 8 à 10 litres par jour.

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