Coup de froid entre Alger et Paris
Le Front de libération nationale (FLN) part en guerre contre le Parlement français. Dans un communiqué rendu public lundi 6 juin, l’ancien parti unique dénonce la loi du 23 février 2005 portant « reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ». Adopté par les députés de l’Assemblée nationale française, ce texte stipule que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ».
Pour le FLN, cette loi « consacre une vision rétrograde de l’Histoire ». Davantage, elle justifie « la barbarie du fait colonial en gommant les actes les plus odieux tels que les exterminations de populations et tribus, les enfumades collectives, les déportations massives de populations entières déplacées et réduites en esclavage, les massacres du 8 mai 1945, la répression des manifestations d’octobre 1961, les crimes impunis de l’OAS et, d’une manière générale, toutes les exactions commises contre les populations civiles innocentes. »
Signé par Abdelaziz Belkhadem, ancien ministre des Affaires étrangères de Bouteflika et actuel secrétaire général du FLN, le communiqué reproche aux parlementaires de l’Hexagone d’avoir pris le risque de mettre en échec le traité d’amitié algéro-français qui devrait être signé d’ici à la fin de l’année 2005. « Le Parlement français, affirme Belkhadem, a pris une lourde responsabilité pouvant remettre en cause le processus largement entamé, sous l’impulsion des présidents Bouteflika et Chirac, de la difficile refondation des relations entre l’Algérie et la France. »
Cette mise en garde du FLN intervient moins d’un mois après une violente polémique entre Français et Algériens. À l’occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 1945, le président algérien avait comparé les fours à chaux de l’armée coloniale aux fours crématoires des nazis. Bien sûr, la sortie de Bouteflika n’a pas manqué de jeter un froid entre Alger et Paris. Avec cette nouvelle prise de position du FLN, qui promet de livrer la guerre à la loi française du 23 février, il est permis de croire que les relations entre l’Algérie et la France auront à traverser une nouvelle zone de turbulences.
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