À Tunis et à Tripoli, aussi

Publié le 12 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

A quelques jours d’intervalle, trois pays maghrébins, la Tunisie, l’Algérie et la Libye, ont tour à tour annoncé la libération de détenus islamistes. Il y a quelques mois, la Mauritanie les avait précédés dans cette voie. Au Maroc, de nombreux militants islamistes interpellés après les attentats de mai 2003 ont été libérés en 2005. Seule l’Égypte, où plusieurs dizaines de Frères musulmans ont été arrêtés début mars, se singularise.
Faut-il y voir un phénomène de contagion ? En Algérie, les libérations sont de loin les plus nombreuses (voir ci-contre), il s’agit de l’aboutissement d’un processus politique engagé par le président Bouteflika depuis son arrivée aux affaires, en mai 1999. Rien de tel en Tunisie. À Adam Ereli, un porte-parole du département d’État américain qui avait jugé « encourageante » la décision du président Ben Ali de libérer des détenus d’opinion (parmi lesquels 73 islamistes), le gouvernement a répliqué : « Il n’y a pas de détenus politiques en Tunisie. Les personnes auxquelles il est fait allusion étaient des prisonniers de droit commun. » Ces derniers avaient en outre presque achevé de purger leur peine.
En Libye, en revanche, deux condamnés à mort et une dizaine de condamnés à perpétuité figuraient parmi les 84 Frères musulmans élargis le 2 mars. Même s’il est souvent difficile d’expliquer rationnellement les décisions de Mouammar Kadhafi, il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’une mesure d’apaisement après les tragiques événements du 20 février à Benghazi (voir J.A. n° 2355).
En dépit de leur concomitance, il n’y a donc pas de lien direct entre les décisions des trois pays. À ceci près que le contexte international a sans nul doute joué un rôle. Au-delà des pressions des partenaires occidentaux, toujours très sensibles aux critiques des ONG concernant la situation des droits de l’homme dans la région, plusieurs événements ont mis en évidence la fièvre identitaire qui enflamme actuellement le monde musulman : l’affaires des caricatures danoises, bien sûr, mais aussi les scores électoraux réalisés par les Frères musulmans en Égypte, où ils ont été spoliés d’une victoire certaine, et, surtout, le triomphe du Hamas palestinien. De là à imaginer que certains dirigeants aient jugé habile de se mettre au diapason de leurs opinions
Ces libérations ne prouvent évidemment rien quant à l’avenir politique de l’islamisme maghrébin. Elles confirment en revanche que la seule répression ne suffit pas à le vaincre.

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