Opération séduction

Publié le 12 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Agenda chargé pour Ellen Johnson-Sirleaf, la nouvelle présidente du Liberia, en visite officielle en France les 8 et 9 mars. Invitée par Jacques Chirac lors du sommet Afrique-France de Bamako, en décembre 2005, elle a évidemment saisi la balle au bond. Comme le Nigérian Olusegun Obasanjo en 1999, après la chute de la dictature, elle a le plus urgent besoin de redorer l’image de son pays, mise à mal par des années et des années de guerre civile et de gabegie. À aucun moment, que ce soit lors de son intervention à l’Institut français de relations internationales (Ifri) ou devant les patrons du Medef, elle n’a songé à nier que le Liberia est « à terre ». Mais elle a constamment martelé sa volonté de faire table rase du passé et de tout reconstruire, en mettant à profit l’a priori favorable que lui vaut le fait d’être la première femme démocratiquement élue à la tête d’un pays africain.
En France, où elle est arrivée après un bref séjour en Belgique et en Suisse, elle n’a récolté que des promesses. Brigitte Girardin, la ministre de la Coopération, du Développement et de la Francophonie, lui a offert une aide bilatérale dans le domaine de la santé (projet de formation d’infirmiers et programme de lutte antisida), tandis que Nicolas Sarkozy, celui de l’Intérieur, lui proposait de former des policiers. Au Liberia, l’armée régulière a été entièrement démobilisée, ainsi que la moitié des policiers. La sécurité est assurée par les Casques bleus – que la présidente souhaite voir rester jusqu’en 2008 ou en 2009 – auxquels viennent peu à peu s’adjoindre les premiers Libériens sortis des écoles militaires du Nigeria, du Ghana et des États-Unis.
Après une intervention à l’Unesco, la présidente a été reçue par Jacques Chirac, qui l’a assurée de l’appui de la France auprès de l’Union européenne dans la perspective du rétablissement de la coopération avec le Fonds européen de développement, le FMI et la Banque mondiale. Le Liberia espère accéder à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui se traduirait par l’effacement d’une partie de sa dette publique (3 milliards de dollars).
Chirac lui a également promis d’ouvrir une représentation française à Monrovia d’ici à la fin de l’année. En retour, Johnson-Sirleaf lui a demandé d’user de son influence auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour que soient levées les sanctions internationales contre son pays. L’embargo sur les exportations de bois et de diamants a en effet été reconduit pour six mois en décembre 2005. Ce qui se conçoit puisqu’il est de notoriété publique que, jusqu’à la fin de la période de transition, le Liberia a continué d’exporter illégalement ses matières premières. Pour restaurer la confiance, le nouveau gouvernement a annulé toutes les concessions d’exploitation forestière accordées aux compagnies transnationales. Les administrateurs du port de Monrovia ont par ailleurs été renouvelés.
Enfin, Ellen Johnson-Sirleaf s’est montrée très désireuse d’attirer les investisseurs privés dans son pays. Une délégation de patrons français devrait s’y rendre dans le courant de cette année.

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