La grippe aviaire et nous

Publié le 12 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Cette fois, l’alerte est réelle. Raison de plus pour ne pas paniquer et bien distinguer les réalités et les risques. Le virus H5N1 de la grippe aviaire touche les oiseaux indistinctement, quelle que soit l’espèce. Des rapaces aux canards, des poulets aux flamants roses. Il se transmet d’oiseau à oiseau. Du coup, les migrateurs deviennent de dangereux vecteurs. Il semble que des oiseaux venant de l’Est, chassés par la vague de froid, aient apporté le virus à l’Ouest, et non pas des oiseaux venant du Sud, même si le Nigeria paraît touché. Il est sage, néanmoins, de se prémunir contre la migration Sud-Nord.

Le risque d’épizootie aviaire est grand et il faut, bien sûr, le combattre. Car, par effet direct, les oiseaux d’élevage, mais aussi les espèces sauvages, pourraient disparaître. Ce virus, notons-le, n’est pas nouveau. Chaque année, il détruit de 5 % à 10 % des oiseaux sauvages. De temps à autre, il atteint les élevages. Les mesures d’abattage sont appropriées dès lors qu’il y a un risque local d’expansion, et leur efficacité est avérée, comme l’a montré l’exemple de Hong Kong il y a quelques années.
Toutes les précautions que l’on peut prendre sont bienvenues. Ainsi fut fait, il y a un an, pour combattre l’épizootie de fièvre aphteuse chez les bovins.
La question du danger pour l’homme est distincte. Ce virus peut se transmettre à l’homme lorsqu’il y a contact avec un oiseau malade. Mais cette transmission est rare. Cent soixante-dix personnes sont mortes de la maladie, alors que le nombre de personnes qui ont été en contact avec des animaux malades est estimé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à plusieurs millions. En revanche, jusqu’à preuve du contraire, le virus ne se transmet pas d’homme à homme. On peut évidemment spéculer sur l’idée que le virus pourrait muter et donner naissance à d’autres espèces qui se comporteraient différemment. Pour l’instant, c’est un cas d’école. Les virus actuels se révèlent, d’ailleurs, identiques à ceux prélevés il y a deux ans. Il n’y a donc pas encore de menace de pandémie. Toutes les comparaisons avec les pandémies anciennes, comme la grippe espagnole, n’ont pas lieu d’être.

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En conséquence, on peut sans danger acheter et manger du poulet et des ufs.
Reste la question plus générale de la prévention pour le futur. Faut-il développer une campagne de vaccination de masse qui serait très coûteuse avec l’objectif d’éradiquer la maladie ? Cela semble difficile, sauf pour les oiseaux rares des parcs zoologiques.
Faut-il mieux contrôler les contacts oiseaux-hommes, surtout fréquents en Asie du Sud-Est ? Sans doute, mais c’est pour l’instant un vu pieux. Il serait prudent, cependant, de ne plus importer de poulets d’Asie.
Plus généralement, et par-delà les migrations, il va falloir se pencher sur la question du commerce des animaux d’élevage à l’échelle mondiale, car leur rôle dans la dissémination des épidémies peut devenir important dans l’avenir.

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