Rendez-vous à Bata

Le 8 mars, le président équatoguinéen reçoit ses homologues de la Cemac.

Publié le 12 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo n’est pas satisfait du fonctionnement des instances sous-régionales et ne se prive pas de le dire. Président en exercice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) depuis le 11 février 2005 et jusqu’au 8 mars prochain, il a tapé du poing sur la table lors du sixième sommet des chefs d’État de l’organisation les 29 et 30 juin dernier à Malabo. Et mis le doigt sur les questions sensibles : le fonctionnement des organes sous-régionaux, la rémunération des comptes par la Banque centrale, les arriérés de paiement et le manque d’ambition régionale. Malabo attend toujours, par exemple, les fonds nécessaires pour réunir le Parlement de la Cemac, un organe qui sera amené à se prononcer sur les grandes questions communautaires.
Si le chef de l’État n’a pas réussi à faire avancer de façon significative les projets d’intégration (compagnie aérienne régionale, projets routier et énergétique, libre circulation des personnes et des marchandises) durant son mandat, il est au moins parvenu à faire admettre à ses pairs de la zone le besoin urgent de moderniser les institutions. « Nous devons nous inspirer des modèles qui marchent, comme l’Union européenne et l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest », explique un fonctionnaire. Malabo a demandé, en préalable à l’aggiornamento communautaire, la réalisation d’un audit juridique et financier des institutions qui a été confié aux cabinets sénégalais Performance Management Consulting pour la partie institutionnelle et au français Deloitte pour les questions comptables. Les experts achèvent actuellement leur travail qui sera présenté lors du prochain sommet à Bata, la métropole continentale, et marquera la fin de la présidence d’Obiang Nguema. Les recommandations de ces audits devraient vraisemblablement comprendre une révision des statuts et l’application de certains principes. Malabo revendique, par exemple, la rotation des pays membres à la tête des institutions régionales et remet en cause le principe tacite selon lequel le gouverneur de la BEAC est un Gabonais, le vice-gouverneur un Congolais et le secrétaire exécutif de la Cemac un Camerounais. Les autorités demandent, par ailleurs, une meilleure répartition des effectifs communautaires entre les pays.
Une requête qui n’avait aucune chance d’aboutir lorsque le pays faisait économiquement figure de poids plume. Les choses ont bien évolué et, aujourd’hui, Malabo a de solides cartes en main. Obiang Nguema et ses ministres rappellent que la Guinée équatoriale possède 47 % des avoirs sur le compte d’opération de la BEAC. De quoi faire également pression sur le Trésor français pour une plus juste rémunération des fonds nationaux. Le président souhaite que l’argent du pays bénéficie d’un intéressement d’au moins 2,5 % par an. Et menace de retirer ses « billes » en cas de refus. Malabo aimerait, par ailleurs, connaître les conditions exactes accordées au Tchad – on parle d’un taux d’intérêt de 2 % par an -, mais les auditeurs de Deloitte se sont vu refuser l’accès des comptes de la BEAC en décembre dernier. Ce n’est un secret pour personne que le président équatoguinéen entretient de mauvaises relations avec Jean-Félix Mamalepot, le gouverneur de la Banque centrale. Il aurait même demandé son remplacement au mois de juin dernier. Nul doute que toutes ces questions devraient figurer au cur des discussions des chefs d’État. Les débats pourraient être houleux

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