Hamas : les raisons d’une victoire
Publié le 12 février 2006 Lecture : 2 minutes.
L’histoire de la montée en puissance du Hamas est celle de presque tous les partis islamiques au Moyen-Orient. Pendant des décennies, les dictateurs, qui ont dirigé (et dirigent toujours) cette région, ont prioritairement combattu les opposants libéraux et laïcs, jugés les plus dangereux – parce que plus politiques – que les fondamentalistes musulmans. L’Égyptien Anouar al-Sadate et Hussein de Jordanie, par exemple, ont souvent utilisé les groupes islamistes pour discréditer l’opposition laïque. Des décennies de répression, d’incompétence et de stagnation économique ont aggravé le mécontentement populaire. Du coup, le mouvement islamique est vite apparu comme la seule alternative à la fois organisée et honnête.
Prenons le cas du Hamas. Il a été créé sur le modèle des Frères musulmans égyptiens. À l’origine, c’était un groupe d’obédience quiétiste, acceptant l’occupation par Israël de la Cisjordanie comme un fait accompli et se contentant de travailler à l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. Israël et la Jordanie l’ont longtemps soutenu tacitement, parce qu’ils y voyaient un moyen de diviser les Palestiniens. Et parce qu’ils ont sans doute cru qu’il ne parviendrait jamais à accéder au pouvoir. En revanche, ils ont systématiquement combattu l’OLP et le Fatah, une organisation laïque et révolutionnaire de style soviétique. N’oublions pas que, dans les années 1970, même les États-Unis étaient convaincus que les groupes islamistes étaient des alliés contre la gauche révolutionnaire, raison pour laquelle ils ont, par exemple, soutenu les moudjahiddine afghans.
Mais l’homme qui a vraiment fait le lit du Hamas, c’est Yasser Arafat. L’ancien chef de l’OLP a créé l’une des organisations les plus indisciplinées, corrompues et inefficaces qu’on ait jamais vues. Malgré d’épisodiques démonstrations de soutien, les Palestiniens ont peu à peu perdu confiance dans le Fatah, dans les années 1990. Le Hamas, pendant ce temps, est devenu plus politique, radical et organisé. Il a fourni aux Palestiniens une aide sociale importante, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation. Et il a toujours défendu son peuple. Pour un habitant de Gaza, toute la différence est là.
