Antoinette Batumubwira

Ministre burundaise des Affaires étrangères

Publié le 12 février 2006 Lecture : 3 minutes.

De passage à Paris, Antoinette Batumubwira, ministre burundaise des Relations extérieures et de la coopération internationale, est venue plaider la cause de son pays auprès des autorités françaises, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Unesco. Tutsie, membre du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) au pouvoir, elle veut sensibiliser la communauté internationale aux besoins de « l’autre petit pays des Grands Lacs », qui sort d’une effroyable guerre civile.

Jeune Afrique/l’intelligent : Depuis cinq mois, le Burundi est entré dans un nouveau cycle politique. Peut-on considérer que la paix est revenue dans le pays ?
Antoinette Batumubwira : Oui. Même si cela était déjà vrai avant les élections, ça l’est encore plus aujourd’hui. Le pays fonctionne normalement, les projets de développement et de reconstruction démarrent, et la vie est redevenue normale, ce qui a aidé certains rebelles des Forces nationales de libération (FNL) qui hésitaient encore à déposer les armes. Bien sûr, des difficultés sécuritaires subsistent. Mais elles sont plus liées à la criminalité « ordinaire » qu’à une rébellion organisée. Pour l’instant, des négociations avec les derniers éléments des FNL ne sont pas possibles, car nous n’avons pas d’interlocuteurs. Les FNL ne veulent pas discuter car ses membres disent ne pas reconnaître le gouvernement du Burundi.
Où en est-on de la mise en uvre du processus DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion) ?
Le DDR est aux trois quarts achevé. Il reste encore trois mois de travail environ, au maximum.
Comme tous les pays qui sortent d’un conflit long et violent, le Burundi a besoin de financements internationaux. La réponse de la communauté internationale a-t-elle été à la hauteur de vos attentes ?
Les pays amis du Burundi et les organismes multilatéraux qui nous soutiennent ont réagi très positivement aux programmes que nous leur avons présentés. La Belgique nous a répondu : « Dites-nous ce dont vous avez besoin et nous verrons comment vous aider. » La Grande-Bretagne a fait un don de 15 millions de dollars à l’Unicef en faveur de notre politique d’enseignement gratuit et vient d’offrir une rallonge de 1 million de dollars pour nous aider à apurer nos arriérés de contributions aux organisations internationales. Quant à la France, elle est prête à participer à la conférence des donateurs qui sera organisée fin février, ainsi qu’à la table ronde des bailleurs de fonds prévue pour septembre. Enfin, nous finalisons avec la Banque Mondiale, le PNUD et un organisme gouvernemental britannique représentant les donateurs bilatéraux un programme spécial d’urgence, qui sera soumis aux bailleurs de fonds.
Le retrait des Casques bleus de l’Opération des Nations unies pour le Burundi (Onub) vient de débuter. Il s’achèvera en décembre 2006. Est-ce un motif de fierté pour votre gouvernement ?
Absolument. C’est la preuve que notre collaboration a été excellente, que chacun a fait son travail. Maintenant que la paix est revenue, il faut la consolider. C’est ce qui se produit actuellement. Nous sommes en train d’évaluer nos besoins et de les chiffrer dans notre cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.
Le Burundi et le Rwanda ont été confrontés à un même problème – la division ethnique – et ont choisi des options radicalement opposées pour y remédier : le Rwanda, en bannissant toute référence à l’appartenance ethnique ; le Burundi, en s’engageant sur la voie de l’équilibre communautaire et en le gravant dans le marbre de la Constitution
Nos relations bilatérales sont pourtant très bonnes. Les présidents Nkurunziza et Kagamé s’entendent très bien. Mais, bien que nous ayons des compositions ethniques identiques, et que nous ayons connu des problèmes politiques similaires, nos deux pays ne sont pas du tout les mêmes. Le Rwanda a résolu le problème d’une certaine manière, le Burundi d’une autre, car nos expériences respectives ne sont pas forcément transposables. L’essentiel, c’est que ?nous soyons en paix et que l’on coopère, ce qui est le cas.

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