Pas de rapport entre ulcère et polykystose

Publié le 11 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le président Abdelaziz Bouteflika a été récemment opéré, selon le bulletin médical officiel publié à Alger, d’un « ulcère hémorragique au niveau de l’estomac ». Si l’on en croit la chaîne Al Jazira, il « souffrirait depuis sa jeunesse d’une maladie héréditaire, la polykystose rénale ». En présence d’informations aussi sommaires (et non officielle pour la seconde), que peut-on dire de ces deux maladies ?
La polykystose rénale est le développement dans le rein de cavités non cancéreuses mesurant entre 1 et 10 cm. Ces cavités gênent le fonctionnement normal du rein. Cette maladie semble liée à la mutation d’un gène, et un diagnostic génétique précis pourrait devenir disponible. Les signes sont très variables selon la taille et le nombre de kystes. On peut observer de l’albumine ou du sang dans les urines. Des surinfections sont possibles ou la formation de calculs. À un stade avancé, le rein remplit mal sa fonction et l’urée s’élève dans le sang. Le traitement est celui des infections urinaires et éventuellement de l’insuffisance rénale par dialyse (ou, à l’extrême, transplantation). Certains kystes obstruant le passage de l’urine ou surinfectés peuvent être opérés. Il faut noter qu’une hypertension artérielle est fréquente quand le fonctionnement rénal est altéré.

L’ulcère de l’estomac (ou du duodénum qui lui fait suite) est une érosion plus ou moins profonde de sa paroi. S’il était attribué autrefois à l’alimentation, au stress, mais surtout à l’hyperacidité du suc gastrique, on sait maintenant qu’un germe, Helicobacter pylori, joue un rôle majeur. Le signe essentiel est une douleur très typique : par son horaire (juste avant ou juste après les repas) et par son calendrier (elle évolue par périodes). Elle est plutôt calmée par l’alimentation.

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La complication la plus fréquente est une hémorragie dans l’estomac : elle peut être discrète (il faut la rechercher dans les selles) ou très abondante, avec tous les intermédiaires possibles. Une autre complication est la perforation de la paroi de l’estomac : l’ulcère s’ouvre dans les organes voisins. Il est possible qu’une évolution cancéreuse soit observée, surtout si H. pylori reste présent. Le diagnostic est facilement confirmé par l’introduction dans l’estomac d’un tube souple porteur d’une caméra (gastroscopie).
Le traitement comporte des antibiotiques pour éliminer H. pylori et des médicaments qui agissent sur l’acidité gastrique. Un régime alimentaire adapté est conseillé, ainsi que la suppression de l’alcool et, surtout, du tabac. Le traitement chirurgical est nécessaire en cas d’hémorragies graves ou récidivantes, de perforation, d’obstructions au passage alimentaire ou de cancer reconnu.
Bien traité, l’ulcère de l’estomac permet une activité normale. Mais il peut présenter des récidives. Il n’y a pas de rapport connu entre la polykystose rénale et l’ulcère de l’estomac. Mais une hypertension peut faciliter une hémorragie.

* Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan.

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