La renaissance oubliée de l’islam

Publié le 11 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Que devons-nous croire si chaque branche de l’islam pense que l’autre se trompe ? Il ne faut pas oublier, après tout, que le Coran n’est qu’un seul et unique livre, et non pas deux ou trois, voire un millier de textes différents.
Selon le Coran, celui qui témoigne qu’« il n’y a d’autre Dieu qu’Allah et que Mohammed est son rasoul [messager] » est musulman. Si aucune autre condition n’est ajoutée, tous ceux qui souscrivent à ce précepte doivent être considérés comme tels. C’est parce que les musulmans aiment bien ajouter des conditions émanant souvent d’autres sources que le Coran que l’unité de notre religion a été détruite.

Or le plus grand problème actuel de l’islam pourrait bien être l’isolement progressif de son savoir – et de son mode de vie – par rapport au reste du monde moderne. Nous vivons à une époque où, grâce à la science, on peut prévoir l’imprévisible, entendre et voir ce qui se passe dans l’espace et cloner des animaux. Autant de phénomènes qui semblent contredire notre foi dans le Coran.
Nous en sommes là parce que les interprètes du Livre saint ne reçoivent qu’un enseignement religieux et n’apprennent que les lois et les pratiques coraniques. Aussi sont-ils incapables de comprendre les « miracles » actuels de la science. Les fatwas – avis juridiques donnés par un spécialiste de la loi religieuse sur une question particulière – qu’ils prononcent semblent alors déraisonnables et, partant, sont rejetées par les scientifiques.

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Un professeur de religion érudit, par exemple, n’a pas voulu reconnaître qu’un homme avait marché sur la Lune. D’autres déclarent que la création du monde remonte à deux mille ans à peine. L’âge de l’univers et ses distances mesurées en années-lumière sont des faits que les oulémas ne peuvent absolument pas comprendre en raison de l’enseignement exclusivement religieux qu’ils ont reçu.
Cette erreur est la cause principale de la triste condition actuelle de nombreux musulmans. L’oppression et les humiliations qu’ils connaissent aujourd’hui ne sont possibles que parce que nous sommes faibles, contrairement à nos prédécesseurs. Nous pouvons nous sentir persécutés et critiquer nos oppresseurs, mais, pour les arrêter, nous devons absolument commencer par balayer devant notre porte. Nous nous devons de changer pour notre propre bien. Nous ne pouvons pas demander à nos détracteurs de changer pour le bien des musulmans.

Que devons-nous faire ? Jadis, les musulmans tiraient leur puissance de leur savoir. Mohammed avait donné l’ordre de lire ; or le Coran ne précise pas ce que nous devons lire. Autrefois, en effet, il n’existait pas de « savoir musulman ». C’est pourquoi l’injonction de lire revenait à lire tout ce qui pouvait être lu. Les premiers musulmans ont lu les oeuvres des scientifiques, des mathématiciens et des philosophes grecs. Ils ont également étudié les travaux des Perses, des Indiens et des Chinois.

* Ancien Premier ministre de Malaisie (1981-2003).

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