L’Afrique des coups d’État

Publié le 11 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

A quel chef d’État africain n’est-il pas arrivé de se réveiller en sursaut et de s’imaginer entendre le cliquetis des mitraillettes au seuil de sa demeure ? Cette hallucination nocturne, effet d’une inquiétude permanente, se transforme parfois en tragique réalité. En janvier 1963, le premier chef de l’État togolais tombe au petit matin sous les balles d’un militaire en colère. Quelques mois plus tard, en août, le président de la République du Congo-Brazzaville, l’abbé Fulbert Youlou, ne doit d’avoir la vie sauve qu’à la promesse qu’il fait, sous la menace des fusils, de se démettre de ses fonctions. Au Dahomey, en octobre de la même année, l’armée s’érige en arbitre. Elle prend le pouvoir et place en résidence surveillée le président de la République, M. Hubert Maga. Sans les parachutistes français, M. Léon M’Ba, président gabonais, aurait pris sa retraite dans quelque camp d’internement, à moins de connaître pire. Le 19 juin dernier, Ben Bella disparaît de la scène tandis qu’émerge le colonel Boumedienne. Joseph Kasa-Vubu, au Congo-Léopoldville, s’efface malgré lui devant son successeur, le général Mobutu, pour qui il a la délicatesse de former les voeux.

La ronde des coups d’État s’accélère. Les militaires montent-ils à l’assaut du pouvoir ? En réalité, les dirigeants politiques africains ne les aiment pas. Ils savent que leur respectueux garde-à-vous peut brusquement se muer en un geste de violence, geste trop facile à accomplir à l’aide de quelques vieux chars, des mitraillettes françaises, américaines ou russes. […]
La discipline, l’esprit de corps aidant, les armées africaines deviennent les seules forces réellement organisées. Même dans les États où la politisation de l’armée est recherchée, les militaires sont prêts à éprouver leur pouvoir et à agir sur le cours des événements. C’est qu’ils se considèrent tout naturellement comme les garants de l’ordre intérieur, les arbitres des situations explosives, les justiciers suprêmes. Les peuples fatigués du pouvoir arbitraire des oligarchies en place ne les invitent-ils pas spontanément à occuper la place ?

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