L’affaire Hissein Habré

Publié le 11 décembre 2005 Lecture : 1 minute.

La demande belge d’extradition de l’ancien dictateur tchadien, Hissein Habré, exilé depuis quinze ans à Dakar, n’était pas à l’ordre du jour du sommet de Bamako. Elle n’en a pas moins pris une place importante dans les discussions informelles entre les chefs d’État africains. Et la décision du Sénégal de mettre Habré à la disposition de l’Union africaine semble avoir recueilli une large approbation. « Pourquoi juger un ancien dictateur africain en Belgique, se demande le chef d’une délégation d’Afrique centrale ? A-t-on envisagé un jour de juger un Milosevic à Arusha ou à Accra ? » Reste que ces interrogations cachent un sérieux problème : il n’existe aucun cadre juridique permettant à la Commission de l’UA, structure exécutive de l’organisation panafricaine, de gérer ce dossier. Les textes prévoient bien la création d’une Cour africaine de justice, mais celle-ci n’a pas encore vu le jour. Plusieurs délégations présentes à Bamako se sont entendues pour que cette question soit à l’ordre du jour du sommet de Khartoum. Parmi les nombreuses pistes juridiques et diplomatiques au casse-tête Habré, l’accélération de l’instauration de la Cour africaine de justice semble faire l’unanimité. Et il est préconisé de la jumeler avec une juridiction déjà existante : la Cour africaine des droits de l’homme, dont les compétences seraient élargies à la possibilité d’examiner toute plainte contre un ancien chef d’État. Mais pas seulement. Les affaires liées au mercenariat, aux dirigeants des grands groupes industriels poursuivis pour corruption de dirigeants africains seraient également de son ressort. Une manière de dire aux Européens : « Si vous vous déclarez compétents pour juger les nôtres, nous sommes, nous aussi, capables de juger les vôtres. »

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