Actuariat : à l’école des ingénieurs du risque
Les actuaires sont de plus en plus demandés. Pour faire face à ce besoin, le royaume a créé sa première formation spécialisée au coeur de l’Université internationale de Rabat.
Assurances : des produits qui assurent
Ils sont déjà quelque 300 actuaires au Maroc mais, à mesure que le marché de l’assurance gagne du terrain, la demande va crescendo. « Il y a de vrais besoins pour la tarification, le provisionnement de certains produits et toutes les questions liées à la solvabilité », note Stéphane Loisel, responsable des relations internationales à l’Institut de science financière et d’assurances (Isfa) de Lyon. Jusqu’à présent, une vingtaine de nouveaux actuaires formés à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (Insea) de Rabat arrivaient chaque année sur le marché, essentiellement embauchés par les compagnies d’assurances.
Le royaume, qui comptait déjà trois filières spécialisées (deux à Rabat et une à Marrakech), propose depuis septembre 2012 une formation d’actuariat – la première entièrement consacrée à cette discipline – au sein de l’Université internationale de Rabat (UIR). Pour l’élaborer, celle-ci s’est associée à l’Isfa, qui opérait déjà à l’international. Même programme, mêmes unités d’enseignement, professeurs en commun : le cursus rbati comprend un double diplôme, des échanges académiques et un semestre en France. Objectif : former une petite vingtaine d’actuaires chaque année « pour ne pas saturer le marché », souligne Abderrahim Oulidi, directeur du pôle business, management, finance et actuariat à l’UIR. Accessible aux titulaires d’un bac + 2 (classes préparatoires scientifiques et commerciales) sur concours, le Programme grande école actuariat débouche en trois ans sur un master de sciences actuarielle et financière, ingénierie des risques. Pour l’heure, seule la formation de l’Insea bénéficie de la reconnaissance des instances actuarielles internationales.
Actuaire, n.
Spécialiste de l’application de la statistique, notammet du calcul des probabilités, aux opérations de finance et d’assurance
Montée en puissance
La première promotion du programme de l’UIR ne compte que huit étudiants. À terme, il s’agit de former une quinzaine d’actuaires généralistes. Si le spectre des métiers faisant appel aux techniques actuarielles est large, ceux de l’assurance dominent. Les opportunités d’embauche sont également nombreuses dans les banques, les mutuelles et les cabinets de conseil. « Ces financiers de niveau ingénieur sont rémunérés de 9 000 à 10 000 dirhams environ [de 800 à 890 euros, NDLR] à la première embauche, avec de bonnes perspectives de carrière », souligne Mustapha Lebbar, vice-président de l’Association marocaine des actuaires.
Pour Abderrahim Oulidi, les formations doivent fournir au royaume les ressources qualifiées en assurance, finance et prévoyance dont il a besoin. « Aujourd’hui, il n’y a pas d’ordre pour la profession, donc pas de responsabilité ni de reconnaissance officielle de l’actuaire marocain, contrairement à la France, où ce spécialiste est habilité à certifier et à suivre des tables de mortalité. Mais ça va venir », pronostique-t-il. Une fois adoptée, la réforme Solvabilité II – dont l’objectif est de mieux adapter les fonds propres exigés des compagnies d’assurances aux risques que celles-ci encourent dans leur activité – devrait assurer de beaux lendemains aux actuaires marocains.
Passage de témoin au sud du Sahara
La profession est encore méconnue en Afrique subsaharienne, où les rares actuaires ont été formés en Europe ou en Amérique du Nord. Pour faire face aux besoins à venir, l’Institut de science financière et d’assurances (Isfa) de Lyon, en partenariat avec l’université de Barcelone et l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad) de Dakar notamment, a lancé une initiative en deux temps : former des formateurs, puis s’appuyer sur eux pour délivrer à Dakar un enseignement reconnu par l’Association actuarielle internationale. Au cours de deux sessions d’un mois (mai 2013 et mai 2014), il s’agira d’« apporter aux enseignants-chercheurs de diverses universités subsahariennes – ayant déjà une expérience en probabilité statistique – un complément professionnel en actuariat pour monter un département actuariat dans leur université, précise Stéphane Loisel, professeur à l’Isfa. L’objectif est d’assurer un transfert de compétences entre nos enseignants et ceux de la zone Cima [Conférence interafricaine des marchés d’assurances, NDLR] et, à terme, de monter un master ». F.R.
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