En bonne place

Publié le 11 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

En retenant Niamey pour l’organisation de la cinquième édition des jeux de la Francophonie, la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant le français en partage (Confejes) a fait un choix symbolique à plus d’un titre. Après Rabat et Casablanca en 1989, Paris en 1994, Antananarivo en 1997 et Ottawa en 2001, la tenue de l’événement dans la capitale nigérienne, en ce mois de décembre 2005, était d’abord conçue comme un retour aux sources. C’est là, en effet, que l’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF) – à l’époque Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) – a vu le jour, le 20 mars 1970. En outre, le choix de la capitale de l’un des pays les plus pauvres du monde pour organiser une compétition sportive internationale de haut niveau était pensé comme un signe fort envoyé aux pays du Sud, généralement habitués à voir les nations les plus riches accueillir ce genre d’événement. Enfin, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) voulait donner tout son sens au principe fondateur de la Francophonie : être « l’expression concrète de la solidarité et de la coopération Nord-Sud ».

Mais, depuis ce choix et les belles déclarations qui en ont découlé, le Niger a connu une grave crise, au cours de laquelle la communauté francophone – et internationale – a brillé par son peu d’empressement à venir au secours des populations… En 2005, plus de 3 millions de personnes ont souffert de malnutrition, sur les 12 millions que compte le pays.
À l’heure où le coup d’envoi des quatorze épreuves sportives et artistiques de ces Jeux a été donné, il est permis de s’interroger. Médecins sans frontières annonçait à la fin novembre avoir pris en charge 60 000 enfants en onze mois dans ses centres nutritionnels, et le Programme alimentaire mondial (PAM) met à nouveau en garde contre le risque de nouveaux problèmes en 2006. Face à cette situation, fallait-il dépenser une enveloppe de plusieurs millions d’euros pour une manifestation culturelle et sportive ? N’aurait-il pas mieux valu consacrer les fonds prévus pour son organisation à des actions visant à promouvoir la sécurité alimentaire ?

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L’OIF y a réfléchi, et elle estime que le maintien des jeux de la Francophonie donne au Niger l’occasion d’attirer sur lui l’attention internationale, en même temps que de lancer des programmes d’aide. Il est vrai que l’annulation de cet événement aurait été perçue comme une mesure vexatoire supplémentaire pour le pays, qui ne fait les gros titres des médias que lorsque tout va mal. En outre, les Jeux auraient également coûté cher s’ils avaient été organisés ailleurs. Mais on se prend à penser que la communauté internationale, les partenaires francophones du pays et les autorités locales auraient pu s’épargner cette vaine polémique, s’ils avaient mieux anticipé la crise. Une leçon à méditer.

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