Pourquoi les Algériens ne s’assurent pas
Malgré une forte croissance en 2012, le secteur de l’assurance tarde à s’imposer en Algérie. Question de culture…
Assurances : des produits qui assurent
Après une année 2011 marquée par une progression limitée (+ 6 %), 2012 a été plus dynamique pour les assurances en Algérie. « Le secteur a renoué avec une croissance à deux chiffres (+ 11 %), pour atteindre 96 milliards de dinars (909,56 millions d’euros) de chiffre d’affaires, selon les premières estimations », affirme Abdelhakim Benbouabdellah, secrétaire permanent du Conseil national des assurances (CNA).
Une évolution à nuancer : d’après l’étude Sigma de Swiss Re – deuxième réassureur mondial -, l’Algérie se situait, en 2011, en queue de peloton des pays émergents avec un taux de pénétration de l’assurance (primes/PIB) de 0,7 %, contre 1,8 % en Tunisie et 2,9 % au Maroc. « Les experts jugent que le marché algérien de l’assurance a un potentiel considérable. Toutes branches confondues, le secteur réalise un chiffre d’affaires d’environ 1 milliard de dollars (756,54 millions d’euros), contre 3,5 milliards de dollars au Maroc », poursuit Hassen Khelifati, PDG d’Alliance Assurances, deuxième groupe privé algérien.
Alors que la branche des assurances dommages (auto, incendie, risque agricole, transports…) représente près de 94 % des primes totales encaissées par les professionnels du pays, l’assurance de personnes peine à décoller. Son taux de pénétration reste marginal, à 0,1 %, contre 0,9 % chez le voisin marocain. Les habitudes culturelles (forte solidarité familiale) et la réorganisation du secteur pèsent sur cette activité. « Cette branche a réalisé 5,6 milliards de dinars de chiffre d’affaires provisoire, soit une chute de 16 %. Cela s’explique notamment par la réduction des ventes de contrats individuels et par la diminution du nombre de points de vente, due à la séparation des activités dommages et personnes en juillet 2011 », concède Abdelhakim Benbouabdellah.
L’auto pilote toujours le marché
Avec une part de marché de 58 % en 2012 selon les premières estimations du Conseil national des assurances, l’automobile continue de se tailler la part du lion dans le chiffre d’affaires global des assurances en Algérie. Outre la loi qui oblige tout détenteur de véhicule à s’assurer, la forte croissance du parc automobile et son rajeunissement ces dernières années ont favorisé la branche. Conséquence : de plus en plus de particuliers se tournent vers les assurances tous risques, augmentant ainsi le poids de ce segment de marché. R.B.
De fait, en 2006, le législateur a exigé que les assurances dommages et celles de personnes soient séparées en filiales distinctes à partir de début 2011. Six mois supplémentaires ont ensuite été accordés aux assureurs pour se conformer à la loi. Au départ, seules trois filiales vie de sociétés publiques ont eu les ressources nécessaires pour être créées : Taamine Life Algérie (qui émane de la CAAT), Caarama Assurance (liée à la Caar) et la Société d’assurance, de prévoyance et de santé (émanant de la SAA et du français Macif). En août 2011, la Ciar, première compagnie privée par le chiffre d’affaires, leur a emboîté le pas en lançant MacirVie, qui assure par exemple les Algériens faisant un pèlerinage à La Mecque. D’autres acteurs ont suivi, à l’instar de la filiale vie d’Axa.
L’an dernier, pour promouvoir l’assurance de personnes, les pouvoirs publics ont accordé une convention de distribution aux sociétés consacrées aux dommages. « Nous discutons avec plusieurs compagnies pour distribuer des contrats d’assurance de personnes à travers notre réseau. Cette activité nécessite un temps d’adaptation, et nous espérons la démarrer d’ici à fin mars », déclare Hassen Khelifati. « La tendance baissière de ce segment devrait s’inverser avec la commercialisation de nouveaux produits et l’extension des réseaux de distribution. En effet, les filiales s’organisent petit à petit, tandis que la bancassurance se développe », observe le secrétaire permanent du CNA.
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