Sarko d’Afrique !

Publié le 11 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Depuis que Nicolas Sarkozy est au pouvoir, je me sens chez moi en France. J’ai l’impression que la Méditerranée a rétréci et que l’Afrique est aux portes de Marseille. Pourquoi ? Parce qu’il y a, dans la manière de gouverner du nouveau président français, des réflexes et des attitudes qui me rappellent mon continent natal. Voyez donc le côté « chef suprême », endémique chez les Arabes : Sarko commande et l’on s’exécute ; il dit « faites », et c’est déjà fait. Il chapeaute, contrôle, s’énerve et il veut qu’on le sache.
Résultat : il ne se passe pas un jour sans que la photo du président ne soit en bonne place dans les journaux – et même sur le site de l’Élysée, où ne devraient figurer que les enseignes de la République. Le boss ne fait pas un pas sans que la télé ne soit sur ses traces, et gare au média qui s’avise de dire du mal du patron. J’ai vu des journalistes trembler à l’idée de lui nuire pendant la campagne électorale.

Et puis Sarko est doué d’ubiquité, ne l’oubliez pas, comme Dieu l’omniprésent. Il apparaît là où on ne l’attend pas et, en véritable calife, le Haroun al-Rachid français peut à tout moment surprendre ses ouailles dans la cour d’une école, dans un entrepôt ou dans un hall d’hôpital. Et là, admirez la liesse, les bravos qui fusent sur son passage et qu’il boit comme du petit lait. Le voilà qui salue la foule, la main sur le cur, comme certains de chez nous, et ces citoyens issus de la Révolution, à qui je ne connaissais pas cet amour de l’allégeance, d’applaudir à tout rompre. C’est la France, ça ? Non ! C’est typique de là-bas !
Sarko a également des manières de riche, il adore le clinquant, exactement comme nos frères et cousins, se promène en yacht, n’hésite pas à faire une virée chez un milliardaire ou à passer un week-end à Marrakech. Son côté people le fait poser en famille à l’Élysée, siffler et fuir les paparazzi. Inutile de chercher la sobriété, elle a été reléguée au vestiaire de la République depuis que Nicolas pose comme un mannequin et son ex en Prada. Et comme il faut être sans défaut physique, tel un dieu de l’Olympe, prière de flouter les photos, d’ôter les bourrelets en trop et de soigner le profil. Je connais des pays d’Afrique où des ministres de la Communication ont sauté pour avoir montré un poil de travers ou un pli disgracieux.

la suite après cette publicité

Vous me direz, on peut apprécier les nouvelles manières de Marianne. Mais, chers camarades, Françaises et Français – comme dirait Coluche ou Arlette Laguiller (elle va nous manquer, celle-là !) -, il faut laisser aux pauvres immigrés que nous sommes le temps de nous habituer à votre transformation, d’accepter de vous voir adopter nos travers. Je vous avertis, toutefois : certains Arabo-Africains, au titre de séjour pourtant en béton, risquent de s’ennuyer si vous persistez à vouloir leur ressembler en tout. Et ils finiront par repartir chez eux. Que dites-vous ? « Ce sera peut-être la solution pour endiguer l’immigration ? » ? ! Je le sentais : la France sous Sarko n’est plus ce qu’elle était !

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires