Rama et Rachida au consulat

Publié le 11 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Lors de sa première visite officielle aux États-Unis, en ce début novembre, le président Sarkozy était très fier de présenter à ses hôtes deux des identités remarquables de sa délégation, symboles à ses yeux d’une France arc-en-ciel : Rachida Dati et Rama Yade. C’est un fait : Nicolas Sarkozy peut à bon droit se targuer d’avoir formé un gouvernement plus ouvert aux « minorités visibles » que tous ceux qui l’ont précédé. Mais nul ne s’est posé la question de savoir si, les lois d’aujourd’hui s’appliquant alors, mesdames Dati et Yade auraient pu grandir en France et y entamer ?la carrière que l’on sait. La réponse, c’est le moins que l’on puisse dire, ne va pas de soi.
Entre les deux visions classiques et pareillement excessives de l’immigration – l’une, euphorique et parfois irresponsable, et l’autre, catastrophiste, fondée sur la peur et justifiant des pratiques parfois douteuses -, les autorités françaises ont, on le sait, choisi la seconde. Les cibles, si l’on peut dire, ce sont « l’immigration subie » qui vivrait des allocations de l’État, et tout particulièrement le regroupement familial, source désignée de tous les abus. L’objectif, c’est « l’immigration choisie », sélective et sectorielle, appelée à court terme à représenter 50 % des entrées en France, contre 8 % actuellement. Le fait qu’historiquement toute migration de travail se soit accompagnée d’une migration familiale – c’est là la loi des chiffres et c’est devenu un phénomène de plein droit -, le fait aussi que l’on voie mal les « élites » sélectionnées, bénéficiaires de la carte « compétences et talents », venir en France si leurs familles éprouvent les pires difficultés à les rejoindre et si l’accueil qui y est réservé aux étrangers est aussi mauvais, rien de cela n’est entré en ligne de compte. Car le message est subliminal. Des tests ADN à l’intitulé même du ministère chargé de mettre en uvre cette politique, en passant par ce champ de mines qu’est la délivrance des visas par les consulats, l’objectif réel est de réduire au maximum l’immigration en France. Et tant pis pour toutes les Rachida et Rama en herbe. Leurs compétences et leurs talents iront éclore ailleurs. En Amérique par exemple

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