Ouagadougou, du côté d’Hamdalaye

Publié le 11 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Hamdalaye ! Les récits d’Amadou Hampâté Bâ m’ont souvent donné envie de découvrir l’ancienne capitale du royaume peul du Macina. C’est pourquoi, lorsque mon nouvel ami burkinabè Obscur Jaffar propose de m’emmener à Hamdalaye, un quartier de Ouaga connu pour héberger de nombreux éleveurs j’accepte sans hésiter. J’espère secrètement retrouver un peu de l’atmosphère décrite par l’écrivain malien.
15 h 30. L’appel à la prière du muezzin couvre peu à peu le ronronnement du moteur de la moto de mon guide. Je découvre d’abord la petite mosquée couleur terre devant laquelle sont assis une dizaine d’hommes silencieux vêtus de boubous bleus ou blancs, comme le ciel nuageux ce jour-là. Non loin, quelques femmes voilées sont occupées à papoter tout en gardant un il sur leurs bambins agités.

Soudain, les beuglements sourds d’un énorme taureau roux visiblement pas très commode me font tressaillir. Les vaches tendent l’oreille. Obscur Jaffar, d’un vif coup de guidon, évite une poule et ses poussins qui traversent la ruelle cabossée. Il prend à droite, puis à gauche. Nouvelle surprise. Le stade du 4-Août est là, imposant, à quelque 200 mètres du chemin de fer marquant la limite du quartier.
Devant les innombrables ateliers de mécanique où s’amoncellent une multitude de pièces graisseuses aux formes bizarres trônent des dizaines de carcasses de camions éventrées sous lesquelles somnolent quelques mécanos. Allongés sur des vieux cartons, peut-être ceux-ci digèrent-ils le benga (le riz aux haricots et aux oignons parfois cuisiné avec du poisson séché) du déjeuner. Peut-être attendent-ils quelques beignets chauds préparés par ces femmes installées derrière des étals colorés. Peut-être ont-ils envie d’une tasse de thé fort, de zoom-koom (une boisson non alcoolisée à base de farine de mil ou de maïs) ou de tchapalo (de la bière de mil). Peut-être

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C’est dans ce quartier de la capitale du Burkina Faso abritant une forte communauté peule qu’a été installé le studio d’enregistrement Ouaga Jungle. Derrière le très voyant portail vert et jaune insolite dans ce décor de ferraille se cache un tout petit laboratoire musical où quelques artistes concoctent – qui sait ? – les tubes de demain. Sur le mur décrépi est accroché un grand drapeau rouge, noir et bleu sur fond blanc. La Corée du Sud règne en maître ici à travers les adeptes du taekwondo. Il y a aussi des amateurs de méditation, comme le suggère la photo en noir et blanc d’un sadou indien à la chevelure longue d’au moins trois mètres.
À côté, sur la porte, Serge Gainsbourg le Français, Fela le Nigérian et Lee Scratch Perry le Jamaïcain posent un regard inquisiteur sur le visiteur Les notes de guitare et les envolées de Démé Victor, chanteur de blues mandingue, s’élèvent et couvrent progressivement les beuglements des bovins, les piaillements des oiseaux et les lointains airs de zouk. Le soleil poursuit sa lente descente vers la ligne d’horizon. Je fais un nouveau tour du quartier avec mon ami ouagalais et lui dis : « Tu sais, moi aussi je suis peule. » À cet instant, une femme qui marchait ?à côté lève un coin de son voile et sourit.
Au revoir Hamdalaye !

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