Léon Boissier Palun

Publié le 11 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

C’était avant – et il serait naturellement contre – la balkanisation des colonies africaines de la France. Mort à Paris le 19 octobre 2007, Léon Boissier Palun était né le 29 juin 1916 à Djougou (Dahomey, futur Bénin), fils d’un fonctionnaire français et d’une « indigène ». Il avait suivi ses études secondaires à Saint-Louis du Sénégal et supérieures (de droit) à Bordeaux. Après la Seconde Guerre mondiale, qu’il avait faite comme officier, il avait ouvert une étude d’avocat à Dakar. Était-il donc béninois, français, sénégalais, voire ivoirien ? Il était « aofien », comme on disait, citoyen de l’Afrique-Occidentale française.
Il entre en politique par la défense des syndicalistes, en tant qu’avocat et conseiller juridique du syndicat des cheminots d’AOF, avant, pendant et après la grève de cent soixante jours du Dakar-Niger en 1948, que relatera Sembène Ousmane dans son roman Les Bouts de bois de Dieu. À la fin de cette même année, lorsque Léopold Sédar Senghor rompt avec le parti socialiste SFIO de Lamine Guèye, dont il était l’adjoint, Boissier Palun est à ses côtés, avec Mamadou Dia, pour fonder le Bloc démocratique sénégalais, qui gagnera les législatives de 1951.

Est-ce le début d’une carrière politique sénégalaise ? Il ne convient guère pour cela d’être métis, à moins d’être saint-louisien. D’autre part, l’avocat s’est investi en Côte d’Ivoire dans la défense des militants du Rassemblement démocratique africain (RDA) poursuivis devant le tribunal de Grand-Bassam de 1950 à 1952. Et, de toute façon, le jeune juriste s’intéresse moins à la vie politique territoriale ou locale qu’à celle de la fédération, qui ouvre de plus vastes perspectives dont celle, alors à l’ordre du jour, de la création d’un exécutif fédéral. Tout naturellement, le voilà donc, l’année suivante, succédant à Lamine Guèye à la présidence du Grand Conseil de l’AOF, et parmi les plus ardents partisans de l’exécutif fédéral. Il occupera cette fonction pendant cinq ans, au terme desquels, le RDA ayant obtenu la majorité, c’est son président, Félix Houphouët-Boigny, qui lui succédera. Ce sera la victoire des antifédéralistes.
La loi-cadre du 8 juin 1956 avait réduit à peu de chose les espoirs de leurs adversaires, en accordant l’autonomie interne aux territoires coloniaux d’Afrique, livrant, selon les mots de Boissier Palun, « les huit territoires de l’AOF à la solitude et à la misère ».
Entre-temps, au début de cette même année, il avait noué des liens avec Moktar Ould Daddah, âgé de 32 ans, qui n’imaginait pas qu’il serait bientôt président de la Mauritanie, et qui était venu faire un stage à son étude, à Dakar.
À l’avènement de la Ve République française et de la Communauté franco-africaine, Boissier Palun est dans le camp des perdants. Il n’en tirera pas d’amertume. Il sera encore, entre autres, ambassadeur du Sénégal à Londres, puis à Paris, ainsi qu’à deux reprises délégué du Bénin à l’Unesco, et président du groupe africain de cette organisation. Sans jouer le rôle qui aurait pu être le sien si le tournant historique avait été pris autrement, il imprimera sa marque de courtoise compétence dans les relations interafricaines.

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