La morale et le sida
Publié le 11 septembre 2005 Lecture : 1 minute.
Les politiciens devraient arrêter de faire de la morale s’ils veulent vaincre le sida. Le monde n’est pas en train de gagner la guerre contre le sida. D’ici à la fin de l’année, 3 millions de personnes infectées par le VIH, le virus responsable de la maladie, étaient censées recevoir le traitement dont elles ont besoin. Mais, 1 million seulement en bénéficient. Actuellement, environ 40 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH, 5 millions sont infectées et plus de 3 millions en meurent chaque année.
[…] Si le sida n’est pas circonscrit au groupe qui en est frappé, il gagne le reste de la population comme c’est le cas en Afrique. Là, il touche toutes les catégories, des habitants des bidonvilles aux riches, des paysans aux professions libérales. Quiconque s’aventure dans cette activité à peu près universelle qu’est le sexe prend un risque. Le sida ne respecte aucun principe moral : il s’attaque aux bébés à la naissance, aux orphelins, aux infirmières accidentellement piquées par une seringue infectée, aux patients de toute sorte qui reçoivent des transfusions de sang contaminé. De fait, le virus touche la totalité de la société où vivent et meurent ses victimes. Il touche aussi l’épouse fidèle du mari infidèle.
En l’absence d’un vaccin […], le préservatif reste la meilleure protection disponible pour toute personne susceptible de contracter le virus lors d’une relation sexuelle dans le cadre ou en dehors du mariage. […] Dans le monde tel qu’il est, l’abstinence ne sera pas observée à une échelle suffisante pour maîtriser le sida. Les pays pauvres qui ont arrêté la progression de l’épidémie – le Brésil, la Thaïlande, l’Ouganda et le Cambodge – ont obtenu ce résultat en changeant les comportements. […] Cela a été possible parce qu’on s’est fixé des limites : on n’a pas demandé aux gens de faire de la morale, mais d’agir dans leur propre intérêt, qui coïncidait avec l’intérêt général.
