Crime de sodomie au Nigeria
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Ils avaient 16 et 18 ans, étaient iraniens et sont morts par pendaison publique le 19 juillet dernier à Mashhad. Yusuf Kabir et Usman Sani sont nigérians et ont été condamnés à mort par lapidation le 13 juillet à Katsina. Leur point commun : l’homosexualité, pratique sexuelle illégale en Iran et au Nigeria.
Dans le premier cas, et selon les autorités locales, les deux adolescents avaient commis un viol sur un mineur de 13 ans, alors qu’ils étaient eux-mêmes âgés de 14 et 16 ans. Si ces faits sont avérés, et donc répréhensibles, l’Iran, État adhérent au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Convention des droits de l’enfant, n’applique pas la peine capitale sur des mineurs. D’où une interrogation légitime : ont-ils été frappés de cette sentence pour le caractère homosexuel des actes reprochés ? Aucune source ne parvient à démontrer le contraire. Au Nigeria, le chef d’accusation parle de lui-même : crime de sodomie. Les amants ont été arrêtés sur dénonciation, mais l’accusation n’a produit aucun témoin lors du procès.
Les gouvernements de Téhéran et d’Abuja sont loin d’être les seuls à toujours considérer l’homosexualité comme illégale : ils sont plus de 90, soit près de la moitié du nombre d’États membres des Nations unies. Neuf d’entre eux la punissent de mort. Hormis donc le Nigeria et l’Iran, c’est également le cas de l’Arabie saoudite, la Mauritanie, l’Afghanistan, le Yémen, les Émirats arabes unis, le Soudan et le Pakistan. Dans un pays africain, un homme a récemment été condamné à quatre ans de prison pour vol de mobylette. Aucun doute ne subsiste quant au réel motif de son arrestation et de son jugement : son orientation sexuelle.
En 2002, la communauté internationale avait su s’ériger contre la condamnation à mort par lapidation d’Amina Lawal, une veuve nigériane coupable d’avoir eu un enfant hors mariage. La mobilisation mondiale et les prises de position des chefs de gouvernement des pays les plus puissants avaient sauvé Amina d’une peine arbitraire prononcée simplement parce qu’elle est une femme. Un même mouvement doit s’élever pour lutter contre ces sentences, tout aussi arbitraires, allant contre la liberté individuelle de choisir sa sexualité.
Les deux jeunes Iraniens ont été exécutés sitôt la peine prononcée, prenant de court la communauté internationale. À l’heure où ces lignes étaient écrites, les Nigérians étaient en liberté sous caution – ce qui atteste bien de la grande dangerosité du crime pour lequel ils ont été condamnés -, dans l’attente du rendu de leur jugement. Lorsque vous lirez ces lignes, ils seront vivants ou morts, selon qu’une prise de conscience aura eu lieu ou non. Des voix associatives, politiques et même onusiennes se sont déjà élevées pour rappeler que, selon les lois internationales, la peine de mort ne peut pas être justifiée – si tant est qu’elle puisse l’être dans une quelconque autre circonstance – pour un acte de sodomie.
Au-delà de considérations légales, le choix de sa sexualité, et son accomplissement libre et consentant, devrait être du ressort exclusif de l’individu.
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