Constat d’échec

Publié le 11 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

« Toutes les heures, plus de 1 200 enfants meurent loin de l’attention des médias, victimes pour l’écrasante majorité d’entre eux de la pauvreté. » Une semaine avant le sommet mondial de l’ONU (lire aussi p. 63), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en a une nouvelle fois appelé à la mobilisation dans son rapport annuel, publié le 7 septembre. Dix-huit pays, dont douze en Afrique subsaharienne, ont régressé depuis 1990, et « continueront à prendre du retard si la communauté internationale n’intervient pas pour les soutenir », affirme l’auteur principal du rapport, Kevin Watkins. Un diagnostic établi grâce aux indicateurs du développement humain (IDH), articulés autour de trois critères : espérance de vie, alphabétisation et scolarisation, mais aussi le PIB par habitant.

Certes, l’organisation souligne des « progrès substantiels » dans certaines régions, particulièrement en Chine, au Bangladesh mais aussi en Ouganda, dont le classement IDH est en hausse de 20 %. Mais ailleurs, la lutte contre la misère et les inégalités est un échec dont la responsabilité incombe aux grandes puissances. En quinze ans, le revenu par habitant des pays riches a augmenté de 6 070 dollars tandis que l’aide par habitant a diminué de 1 dollar. Les 500 personnes les plus fortunées au monde « pèsent » autant que les 416 millions les plus pauvres. « De tels chiffres suggèrent que les gagnants de la mondialisation n’ont pas fait de l’aide aux perdants une priorité, relève le Pnud, qui ajoute : en matière de développement humain, le commerce est un moyen et non une fin en soi. » La marginalisation de l’Afrique subsaharienne est à cet égard édifiante.

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La part de cette zone, qui compte 689 millions d’habitants, dans les exportations mondiales est moins importante que celle de la Belgique, avec ses 10 millions d’âmes. Le Pnud dénonce en réalité une libéralisation des échanges à géométrie variable caractérisée par « des barrières commerciales plus difficiles à surmonter et qui limitent l’accès aux marchés pour les pays pauvres ». L’exemple de l’agriculture est particulièrement préoccupant puisque les subventions et autres mesures protectionnistes du Nord font perdre au Sud près de 72 milliards de dollars par an, du fait notamment de la chute des prix. C’est à peu de choses près le montant de l’aide publique au développement ! Le Pnud espère que les négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec la rencontre prévue à Hong Kong, en décembre, mettront fin à cette concurrence déloyale. Les planteurs de coton africains, dont les pertes annuelles sont estimées à 250 millions de dollars, suivront certainement avec attention l’avancée des discussions.

Outre un commerce plus juste, citant les exemples du Mozambique et de l’Éthiopie, le Pnud estime aussi que « l’aide internationale est l’une des armes les plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté ». À condition qu’elle soit suffisante pour soutenir le décollage économique, durable, efficace, et que les populations soient associées. Au cours des années 1990, l’aide par habitant accordée à l’Afrique subsaharienne a pourtant chuté d’un tiers. Un dernier chiffre : si l’humanité arrivait à endiguer cette scandaleuse misère, au moins 6 millions de vies seraient sauvées chaque année. Pour la plupart, des enfants.

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