Pour une immigration ni subie ni choisie mais négociée

Publié le 11 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

En France, le terme « quota » appliqué à l’immigration parasite la réflexion. Pourtant, il en existe déjà. En effet, les Directions départementales de l’emploi décident depuis longtemps du nombre de personnes nécessaires à tel ou tel secteur d’activité. Il s’agit bien d’une immigration choisie. Les décisions pour tenter de maîtriser l’immigration sont, pour la plupart, prises unilatéralement. La solution la moins mauvaise ne résiderait-elle pas dans la pratique d’une immigration négociée, fondée sur un dialogue avec les pays d’origine des migrations ? La politique de l’emploi gagnerait à être approchée de façon concertée. Cela impliquerait des engagements réciproques et tiendrait compte des intérêts légitimes de tous les pays. Il est temps d’établir enfin des relations non pas équitables, mais égalitaires, fondées sur l’intérêt respectif de chacune des parties.

L’appel à l’immigration légale ne peut, en effet, tenir compte uniquement des besoins de la France, mais également de ceux des pays d’origine. On pourrait envisager que la France s’organise de façon à mieux suivre les besoins du marché de l’emploi pouvant être satisfaits par des étrangers, à court et moyen terme. Ensuite, elle travaillerait avec des pays amis, afin de mettre en place un véritable dialogue prenant en compte les intérêts du pays d’accueil, ceux du pays d’origine et ceux des populations migrantes. Ce type de politique éthique implique des négociations bilatérales dans lesquelles la France devra offrir des compensations pour aider les autres pays à créer sur place des richesses et à réduire ainsi la propension à émigrer. Il s’agit de ne pas « prendre » mais aussi de « donner » en échange.

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Quelles compensations proposer ? Avant tout, former les techniciens afin de satisfaire les emplois disponibles des pays partenaires ; ensuite, aider les pays d’émigration à cerner leur propre potentiel d’emploi, et inclure l’engagement formel du pays d’origine à lutter contre l’émigration irrégulière. Enfin, la France pourrait accueillir des étudiants étrangers – facteur positif pour son prestige dans le monde, permettant ainsi que le savoir-faire français soit plus largement diffusé. Rien n’empêche, également, de continuer à favoriser des « aides au retour » attractives. En conclusion, si le combat contre la pauvreté doit être mené au nom de la solidarité et de la justice, il doit l’être aussi au nom de la raison. Les économies des pays libéraux sont en quête de nouveaux marchés pour leurs produits. La stabilité politique est nécessaire pour établir des partenariats avec des futurs clients et mettre en place des investissements productifs. Il y a donc un « gain » réciproque à aider les pays pauvres – tant au niveau du développement qu’au niveau de la sécurité – et à établir un véritable dialogue migratoire.

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