En quête de valeur ajoutée

Le secteur secondaire contribue encore faiblement au PIB. Un programme spécial a été mis en place pour relancer la transformation.

Publié le 11 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

Depuis l’indépendance du pays en 1960, les gouvernements successifs ont mis en place des politiques d’industrialisation ayant échoué pour des raisons structurelles : enclavement, manque d’infrastructures et de maintenance efficace, études de marché approximatives, méconnaissance des marchés local et international, coût élevé de l’énergie, faiblesse du niveau de qualification de la main-d’uvre et absence de coordination entre les centres de formation et les besoins des entreprises. En arrivant au palais de Koulouba, le président Amadou Toumani Touré a opté pour une politique d’industrialisation rapide et soutenue sur la base de production agropastorale. Pour ce faire, un recensement industriel a été réalisé en 2003. De cette étude il ressort que le secteur contribue faiblement à la formation du PIB.
Le parc industriel compte 243 entreprises, détenues aux trois quarts par le capital national. En 2002, les performances de l’industrie malienne étaient modestes : 616 milliards de F CFA de chiffre d’affaires pour une valeur ajoutée de 241 milliards. Avec plus de 13 000 postes d’emploi permanent, l’industrie dégage une masse salariale de l’ordre de 51 milliards de F CFA. Ses principales branches d’activité sont l’agroalimentaire, la chimie, les textiles, la métallurgie et la transformation du bois. La zone industrielle de Bamako concentre plus de 70 % des unités que compte le pays. La taille des entreprises industrielles est également des plus modestes : 82 % d’entre elles occupent moins de 50 salariés et moins de 5 % emploient plus de 200 personnes.
Entre 1998 et 2003, sur les 338 projets industriels déposés auprès de l’agence de promotion des investissements, 78 ont été menés à terme et sont entrés en production. C’est dire les difficultés que rencontrent les promoteurs. Après cette évaluation, le gouvernement d’Ousmane Issoufi Maïga a adopté, en novembre 2004, un programme d’industrialisation fondé, d’une part, sur la mise à niveau et la réhabilitation des entreprises existantes, et, d’autre part, sur la réalisation de nouvelles unités compétitives, porteuses de croissance et génératrices d’emploi. L’objectif est de parvenir à une substitution des importations par la production locale.
Les opérations de développement entamées depuis l’arrivée au pouvoir d’ATT ont multiplié par trois la demande en ciment, par exemple. Le marché consomme annuellement plus de 1 million de tonnes alors qu’en 2001 les besoins se situaient à moins de 400 000 tonnes. Le boom de l’immobilier y est pour beaucoup. Un programme de logements sociaux a été lancé. « En quarante-six ans d’indépendance, le Mali a réalisé 8 000 logements, assure un membre du gouvernement. Nous avons pris l’engagement d’en réaliser 5 000 avant l’expiration du premier mandat du président de la République. Le rythme d’attribution des nouveaux logements montre que nous sommes dans les temps. » C’est pourquoi la relance de l’activité de la cimenterie de Daoumou, dans la région de Kayes, est inscrite parmi les priorités du moment. Premier acte concret : le désenclavement avec l’inauguration, le 23 mai, de la route Kayes-Diamou-Bafoulabé. Reste la question de l’approvisionnement en énergie qui grève lourdement le prix de revient du ciment, fortement concurrencé par les importations.
Deuxième priorité du programme, l’identification des potentialités d’exportation de la production malienne. Produit agricole phare : les mangues. Une usine de conditionnement et de transformation a été inaugurée dans la banlieue de Sikasso. Toutefois, l’investissement dans ce secteur se tourne plus vers l’amont, à travers des traitements phytosanitaires pour améliorer la productivité et la qualité de ce fruit prisé par les marchés européen et américain.
On ne peut évoquer un programme d’industrialisation malien en omettant la filière coton. Premier producteur d’Afrique subsaharienne, le Mali a échoué dans toutes ses tentatives de transformation de la production locale. Ousmane Thiam, ministre en charge des PME-PMI et de l’Investissement, a entamé des négociations avec le groupe marocain ONA pour établir des synergies entre les ateliers de confection du royaume et les producteurs de coton maliens. Objectif : délocaliser les usines de filature du Maroc pour les installer au Mali et en confier la gestion à des opérateurs marocains. « Les négociations en cours évoluent dans le bon sens », assure Ousmane Thiam.
La mise en uvre de ce programme d’industrialisation devrait coûter 5,7 milliards de F CFA. Le gouvernement y participe à hauteur de 300 millions. Le reste sera pris en charge par les partenaires au développement (2 milliards) et par les bénéficiaires (3,15 milliards). Toutefois, l’industrialisation passe par un développement notable des infrastructures (notamment routières), une maîtrise des coûts de l’énergie et l’organisation de l’espace consacré au secteur à travers la réalisation de zones industrielles. Pour cela, le gouvernement d’Issoufi Maïga compte sur les opportunités de financement offertes par le Nepad et les institutions financières sous-régionales.

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