Au secours des déserts

Publié le 11 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

Ne désertez pas les zones arides ! » C’est le thème de la Journée mondiale de l’environnement qui a été célébrée à Alger le 6 juin. 2006 est également l’Année internationale des Nations unies dédiée aux déserts et à la désertification. Commentant le Rapport publié à cette occasion, Shafqat Kakakhel, le directeur exécutif du programme des Nations unies pour l’environnement, a souligné que « contrairement à certaines idées fausses, les déserts apparaissent comme dynamiques à la fois sur le plan biologique, économique et culturel, tout en subissant les pressions du monde moderne ».

Les douze régions désertiques représentent 33,7 millions de kilomètres carrés, soit le quart des terres émergées de la planète, et hébergent 500 millions de personnes. Le plus vaste, le Sahara, s’étend sur sur 4,6 millions de kilomètre s carrés et occupe à lui seul 10 % du continent africain. Un peu partout, les paysages uniques de ces zones arides, leurs flores et leurs faunes sont menacées par le changement climatique, la surexploitation des nappes phréatiques, la salinisation, la pollution des eaux par les pesticides et ls herbicides, mais aussi par les installations militaires et les structures de loisir.

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Parmi les espèces animales en voie de disparition ou de rapide diminution, on trouve des gazelles, l’oryx, l’addax, la chèvre himalayenne (tahr) et les moutons de Barbarie, tout comme l’une des proies favorites des fauconniers, le houbara. Les ennemis, ici, sont les chasseurs, comme ceux qui se déplacent en convois de caravanes climatisées à travers les déserts d’Arabie, du Kazakhstan et du Soudan. Pour la flore, les zones les plus à risques sont les régions boisées, telles que les forêts de pins et de chênes de l’Atlas marocain, et les oliviers sauvages et les myrtes du massif de l’Aïr, au Sahara méridional.

Le changement climatique induit par les activités humaines affecte déjà les déserts. La température y a augmenté de 0,5 à 2 degrés C entre 1976 et 2000, contre une augmentation moyenne globale de 0,45 degrés C. Selon divers scénarios, elle pourrait s’accroître encore de 5 à 7 degrés C entre 2071 et 2100. « Plusieurs déserts, indique le Rapport, verront leurs précipitations diminuer de 5 % à 10 %, voire 15 % pour les déserts situés dans les latitudes sud. »
Les réserves en eau des déserts alimentés par de grands fleuves risquent aussi d’être gravement touchés d’ici à 2050. Il en est ainsi de la rivière Gariep en Afrique du Sud, du Rio Grande et du Colorado en Amérique du Nord, du Tigre et de l’Euphrate en Irak, du Darya et de l’Indus en Asie centrale.

Comme le souligne Shafqat Kakakhel, les déserts ne manquent pas de ressources. La plupart ont une luminosité et des températures qui favorisent le développement de sites pour l’élevage des crevettes et du poisson, comme en Arizona ou au Néguev, en Israël. Le nipa, une herbe récoltée par le peuple Cocopah, dans le désert de Sonora, au nord-ouest du Mexique, pousse dans l’eau salée et a des grains aussi gros que des grains de blé. C’est une espèce végétale qui pourrait contribuer à la sécurité alimentaire de ces régions.
« Les centrales d’énergie éolienne et solaire, dit aussi le Rapport, pourraient tirer profit de l’espace peu coûteux, de l’abondance de matière première pour ce qui est de l’énergie solaire ou de l’existence de sites exposés aux vents. » A la limite, le Sahara pourrait fournir le monde entier en électricité. Mais les longues distances à couvrir pour le transport de l’énergie sont évidemment un inconvénient majeur.

Dans l’immédiat, si l’on veut « concevoir un avenir fiable pour les déserts, il convient d’accorder une priorité fondamentale ?à la durabilité et à la prospérité de leurs populations. Il faut soumettre leurs mise ?en valeur à des limites dans le cadre d’une vision à long terme. Se garder, par exemple, des programmes d’agriculture irriguée ?ou de tourisme de masse lancés au petit bonheur. « Les décisions à prendre ne devraient pas aller dans le sens de la modification du cadre naturel du désert, mais dans celui de la préservation de ses ressources pour l’avenir ».

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