Ombre sur les oliviers

Le premier pays oléicole du sud de la Méditerranée doit encore améliorer ses rendements, ainsi que la qualité de ses huiles, pour mieux les valoriser sur les marchés internationaux.

Publié le 11 mai 2008 Lecture : 3 minutes.

S’il est un arbre intimement lié à la Tunisie, c’est bien l’olivier, symbole de santé, de paix et de prospérité. Sa culture y a été introduite par les Phéniciens au XIe siècle av. J.-C., pour gagner ensuite l’Europe méridionale actuelle. Aujourd’hui, l’olivier reste au cur de l’économie tunisienne et est cultivé dans plus de la moitié des exploitations du pays. La filière fait vivre, directement ou indirectement, un tunisien sur dix et procure 20 % de l’emploi agricole. Cependant, les pays du Sud de l’Europe ont pris la tête du peloton, la Tunisie se plaçant au rang de quatrième producteur mondial d’huile d’olive après l’Italie, l’Espagne et la Grèce, et de deuxième exportateur mondial après l’Union européenne (UE). Pour la saison 2007-2008, le Conseil oléicole international (IOC) prévoit que les exportations tunisiennes atteindront 140 000 tonnes, et celles de l’UE 336 000 tonnes. Les exportations d’huile d’olive représentent en moyenne la moitié des exportations agricoles et près de 6 % des exportations totales du pays, constituant sa cinquième source de revenus en devises : 696 millions de dinars (391,5 millions d’euros) pour 173 000 tonnes exportées en 2007 (sur 180 000 produites). Mais la Tunisie peut faire mieux. On sait pertinemment que les rendements à l’hectare, de même que le renouvellement des vergers, peuvent être améliorés, au-delà des 15 000 à 20 000 nouveaux pieds plantés chaque année. En effet, le pays est le deuxième au monde en termes de superficie oléicole (1,68 million d’hectares, plus de 30 % des terres agricoles), le quatrième par le nombre d’oliviers (65 millions). Pourtant, au cours des cinq dernières années, sa production d’huile d’olive a oscillé entre 130 000 et 280 000 tonnes, sans jamais parvenir à égaler le record de 310 000 tonnes atteint en 1997.

Une bonne marge de progression
Avec un tel potentiel, insuffisamment exploité, la Tunisie a donc une bonne marge pour augmenter le volume de ses exportations. Mais il s’agit aussi d’en augmenter la valeur. En effet, malgré la libéralisation et la fin du monopole de l’Office national de l’huile (ONH) sur le marché des exportations depuis 1994, le secteur privé, qui a pris la relève, continue d’exporter la quasi-totalité de la production en vrac, seul 1 % étant conditionné. À cet égard, le cas de l’Italie est édifiant. Premier exportateur mondial d’huile d’olive, elle en est aussi le premier importateur, achetant aux Espagnols, aux Grecs et aux Tunisiens de l’huile d’olive en vrac qu’elle mélange aux siennes pour, ensuite, les conditionner et les exporter de par le monde, sous forme de bouteilles et de bidons estampillés « Made in Italy ». L’objectif fixé par les autorités tunisiennes est de porter le niveau d’exportation d’huile d’olive conditionnée de 1 % à 10 % en 2011, sachant que développer le conditionnement sera une source supplémentaire d’emplois, de valeur ajoutée et de recettes en devises, qui pourraient « doubler et même tripler ».
Augmenter le conditionnement à l’export implique aussi que l’huile d’olive tunisienne se conforme aux normes internationales de qualité. Tout dépend alors des conditions dans lesquelles les olives sont entreposées dans les huileries avant d’être triturées. En agissant à ce niveau et en améliorant l’appareil de production, la proportion d’huile d’olive vierge répondant aux normes de l’IOC est déjà passée de 30 % en 2002 à 73 % de la production en 2006. Encore faudrait-il que les barrières posées à l’entrée dans l’UE de l’huile d’olive tunisienne, contingentée ou non, soient levées et que les pays européens traitent les laboratoires de qualité tunisiens sur un pied d’égalité avec les laboratoires européens.

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