Uranium baladeur

Publié le 11 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Commissaire général du Centre régional de l’énergie atomique de Kinshasa (Cren-K), Fortunat Lumu Badimbani-Matu a été interpellé le 5 mars dans la capitale congolaise, en compagnie de son directeur scientifique. Les deux hommes devront répondre devant la justice de la disparition de barres et de « casques » d’uranium. L’affaire a été révélée par le quotidien kinois Le Phare. C’est Sylvanus Mushi Bonane, le nouveau ministre de la Recherche scientifique, qui a, semble-t-il, décidé d’engager des poursuites judiciaires.
Selon une source bien informée, il ne s’agit pas à proprement parler d’une « disparition », mais d’une vente en bonne et due forme décidée en Conseil des ministres, pendant la transition. Le fruit de cette transaction se serait, en revanche, bel et bien volatilisé. Les deux hommes ont été déférés au parquet le 8 mars. Ils ne seraient que les exécutants d’une opération approuvée par certains responsables politiques. En 2006, Lumu avait signé, sous la supervision de son ministère de tutelle, un accord de partenariat avec l’entreprise britannique Brinkley Mining. Deux anciens ministres, Gérard Kamanda wa Kamanda (Recherche scientifique) et Matthieu Kalele (Mines) pourraient également être entendus. Selon la même source, le montant de la vente s’élève à plusieurs millions de dollars. L’affaire aurait des ramifications jusqu’au sommet de l’État. À Kinshasa, on parle d’un « vaste réseau » de trafiquants internationaux
Ce n’est pas la première fois que la RD Congo est le théâtre d’un scandale lié à l’uranium. Dans les années 1970, déjà, une barre de ce même minerai avait disparu du Centre régional de l’énergie atomique. L’année dernière, le pays avait été accusé d’avoir vendu à l’Iran de l’uranium provenant des mines de Shinkolobwe, au Katanga (sud-est). Les autorités avaient fermement démenti. « Sans vraiment convaincre », précise un observateur. D’aucuns sont convaincus que le trafic pour lequel le commissaire général et le directeur scientifique du Cren-K sont poursuivis remonte, en réalité, à une époque où ils n’étaient pas encore en fonctions : ils ne seraient donc que des boucs émissaires.
Fondé en 1958 grâce à un financement américain, le centre chargé de la recherche nucléaire est installé sur le campus de l’université de Kinshasa. L’uranium extrait des mines de Shinkolobwe a servi à la fabrication de la bombe atomique que les Américains ont larguée sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, en 1945.

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