La France est pingre

Publié le 11 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Comme au bon vieux temps de l’URSS, les bricolages statistiques et la gonflette ont fait perdre à nos responsables le sens du réel. Ainsi y a-t-il une aide virtuelle, correspondant à des jeux d’écriture habiles, aide fictive qui augmente chaque année pour faire bonne figure dans les statistiques mondiales. Et puis il y a une aide réelle, celle qui finance les projets et programmes de développement concrets sur le terrain, aide qui, en dépit des promesses mille fois réitérées, a diminué de moitié en dix ans.
Il ne faut donc pas s’étonner dans ces conditions de la minceur exceptionnelle de la part de l’aide française (1 %) qui transite par les organisations de solidarité internationale (OSI). Nous avons en ce domaine le bonnet d’âne toutes catégories. Les flux correspondants représentent le quinzième de ce qu’y consacre cette « superpuissance » que sont les Pays-Bas. Il est vrai que l’opérateur public dit pivot de notre aide ne gère qu’environ 5 % de notre APD [aide publique au développement]. Où disparaît notre bel argent destiné aux pays pauvres et qui sort pourtant bien de nos très réels impôts ?
Il faut dire que question gonflette, c’est vraiment l’imagination au pouvoir ! Tout y passe. D’abord les remises de dettes qui sont une très bonne chose pour les pays pauvres. Mais comptabiliser en APD la remise des dettes commerciales sur l’Irak et le Nigeria, qui ont représenté en 2005 plus de 1,5 milliard d’euros, il faut oser le faire, quand on sait le type de quincaillerie que ces crédits irrécupérables ont financé. Cette dette doit être passée en pertes et profits, pas en APD.
Les frais de scolarité des étudiants étrangers en France sont facturés plus de 750 millions d’euros. L’aide aux réfugiés est facturée pour plus de 500 millions ; des frais administratifs, pour 300 millions ; et puis, la confusion est commode entre l’aide au développement et les frais relevant de la politique culturelle d’influence de la France et de promotion du français. J’oubliais aussi quelques transferts financiers vers les TOM (je croyais que c’était la France ?). Rares sont les pays qui osent procéder ainsi.
La coordination des OSI a publié en 2006 un remarquable document qui décrypte par le menu ces artifices jusqu’ici connus des seuls spécialistes. Elle a montré qu’en gros la moitié de notre APD est factice. Les fonctionnaires des Affaires étrangères qui travaillent sur ces questions en sont eux-mêmes gênés puisque, dans leurs documents internes, ils dégonflent notre aide d’une partie de ce bazar pour calculer une aide bilatérale « hors remise de dette, hors frais de scolarité et réfugiés ». On y voit ainsi que cette aide réelle bilatérale a diminué de moitié, de 1996 à 2001, pour stagner depuis à environ 1,7 milliard d’euros.

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