Et si on délocalisait le gouvernement israélien…

Publié le 11 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

Par où commencer ? Le chef de la police israélienne vient de démissionner après qu’une commission d’enquête a dénoncé son comportement, en 1999, dans une affaire impliquant une famille du milieu israélien. Sa démission intervient alors que le président, Moshe Katsav, est accusé de viol, le Premier ministre, Ehoud Olmert, de corruption, et que la directrice de cabinet de ce dernier a été suspendue, puis assignée à résidence dans le cadre d’une vaste enquête concernant l’Office national des impôts – dont le chef a lui aussi démissionné après avoir été éclaboussé par le scandale. Quant au ministre des Finances, il va être interrogé pour détournement de fonds sans enrichissement personnel, tandis que l’ancien ministre de la Justice a été reconnu coupable d’indécence pour avoir embrassé de force une femme-soldat. Je pourrais continuer longtemps, mais je n’ai pas la place.

Le plus étrange, à ce stade, c’est que l’économie israélienne – le secteur high-tech en particulier – ne s’est jamais aussi bien portée. « L’économie est florissante. Elle a progressé de presque 8 % au dernier trimestre de 2006 », explique Sever Plocker, du quotidien Yediot Aharonot, l’un des éditorialistes économiques israéliens les plus en vue. « L’investissement direct étranger afflue à un rythme inégalé : il a été de 13,4 milliards de dollars en 2006. Les exportations du secteur hautes technologies avoisinent 18 milliards de dollars et la Bourse est à son plus haut niveau historique. Le shekel est plus fort que jamais, l’inflation inexistante. Les taux d’intérêt sont plus bas qu’en Amérique et en Grande-Bretagne, le déficit budgétaire inférieur à 1 % du PIB et la balance des paiements positive, ce qui signifie qu’Israël a conquis son indépendance économique et est actuellement créditeur net du reste de la planète. Bref, notre économie est en pleine forme. »
Peut-être qu’Israël n’a plus besoin de gouvernement. Mais les choses ne sont pas si simples. Quand le gouvernement est aussi faible, tout accord de paix avec les Palestiniens est improbable, du fait qu’aucun dirigeant n’a l’autorité nécessaire pour le mener à bien – ce qui en fait une bombe à retardement. De plus, le secteur high-tech ne comptant que peu d’employés, si le gouvernement, qui doit s’occuper du reste du pays, est bancal, l’emploi devient un autre dossier explosif.

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« Près de la moitié de la population ne profite pas du boom économique », souligne Plocker, qui relève que le taux de chômage est de 8,3 %. Le taux de pauvreté reste le plus élevé des pays occidentaux, et de loin : 24,4 % de la population, et 35,2 % des enfants vivent en dessous du seuil officiel de pauvreté. Dans les quartiers arabes et ultraorthodoxes, la pauvreté infantile est particulièrement élevée : plus de 50 %. Le revenu réel du quart le plus pauvre de la population israélienne est plus faible qu’il y a six ans.
« L’impression qu’il y a vraiment quelque chose de pourri dans le système politique israélien grandit, m’a écrit Plocker par courriel, comme si ce système était incapable de mettre en uvre une politique sociale décente – permettant de réduire la pauvreté, les inégalités et le chômage -, même pendant les périodes fastes. Je n’avais jamais vu dans les rues d’Israël un tel mépris pour le gouvernement émanant de la quasi-totalité de la population – les pauvres comme les riches, les Juifs comme les Arabes, la gauche, la droite, et même le centre, qui est en pleine déconfiture. Telle est la réalité de notre situation – un contraste entre le On n’a jamais eu une aussi bonne économie et le On n’a jamais eu d’aussi mauvais dirigeants. Voilà l’origine de notre mécontentement. Pardonne-moi d’être aussi long, mais j’en souffre. »

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