De la tribune à l’hôpital

Publié le 11 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 5 mars, Olusegun Obasanjo, le chef de l’État nigérian, dont le second mandat s’achèvera, à son grand regret, lors de la présidentielle du 21 avril, a fêté son 70e anniversaire. Narquois, il a déclaré à la presse qu’il se sentait « aussi vif qu’il y a dix ans ». Umaru Yar’Adua, son dauphin et probable successeur, ne peut certes pas en dire autant ! Dans la soirée du 6 mars, il a été évacué à bord du jet présidentiel vers l’Allemagne, où il a été hospitalisé pour, semble-t-il, des problèmes respiratoires. Un peu plus tôt dans la journée, il avait manqué un meeting dans la capitale. « Notre candidat a pris un jour de congé pour subir un examen de routine dans une clinique d’Abuja », a menti Ojo Maduekwe, le secrétaire national du People’s Democratic Party (PDP, au pouvoir).
De quinze ans plus jeune que celui qu’il espère remplacer, Yar’Adua est professeur de chimie, musulman et gouverneur de l’État de Katsina, dans le Nord. En décembre, il a remporté haut la main la primaire du PDP, mais, aussitôt après sa désignation comme candidat, des rumeurs ont commencé à circuler concernant son état de santé : il serait atteint d’une maladie rénale dont on ignore la nature et la gravité. « Je suis en parfaite santé », a protesté l’intéressé, début janvier, avant de proposer « une partie de squash » à qui en douterait. L’incident du 6 mars semble démontrer qu’il bluffait.
Au PDP, l’embarras est manifeste et les spéculations sur un éventuel candidat de substitution vont bon train. On parle beaucoup du général Ibrahim Babangida, un ancien chef de l’État Pourtant, la loi électorale est claire : aucun changement de candidature n’est plus possible depuis le 20 février. En toute occurrence, Yar’Adua restera donc le poulain du PDP. Question : quel électeur aurait envie de voter pour un malade ?
Car le Nigeria, ce géant de 140 millions d’habitants dont la majorité vivent en dessous du seuil de pauvreté, peut difficilement se permettre d’être dirigé par un homme à la constitution fragile. Si Yar’Adua venait à décéder au cours de son mandat, il serait théoriquement remplacé par son colistier, Jonathan Goodluck, un chrétien du Sud. Mais cette perspective n’enchante guère les musulmans du Nord, qui, après huit ans d’Obasanjo, un Sudiste lui aussi, attendent l’alternance avec impatience.
De son côté, l’état-major du PDP rappelle sur tous les tons que son candidat est vivant et apte à mener campagne. Il est allé jusqu’à fournir aux médias la transcription d’une conversation téléphonique passablement loufoque avec le chef de l’État. « Êtes-vous mort ? » demande Obasanjo. « Non, non, je suis vivant », répond Yar’Adua Le retour de celui-ci au Nigeria était prévu le 11 mars.

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