Cinq mois de relative inaction

Publié le 11 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

Ce sera la conséquence ingrate, mais inévitable, de l’élection présidentielle. Après trois mois d’overdose politicienne, elle débouchera sur une longue période de mise en place des nouveaux pouvoirs, condamnés à une relative inaction, pratiquement du début d’avril à la mi-juillet. Et la torpeur des vacances. C’était déjà pour éviter ce risque de décompression après la surchauffe que Jacques Chirac avait désigné son Premier ministre dès le lendemain de sa victoire de 2002, et choisi, pour entretenir le feuilleton, la personnalité relativement atypique de Jean-Pierre Raffarin. Son successeur sait qu’il sera jugé sur ce choix capital, et que cette première décision conditionnera largement le succès ou l’échec de son mandat. Il ne devra pas se tromper sur la désignation de celui (ou celle ?) dont il aura eu le temps de dresser dans sa tête le portrait-robot idéal à l’abri de la pression des « entourages ».
Le nouveau Premier ministre devra occuper de la façon la plus active possible le long mois d’attente des législatives. Une attente que la réforme du quinquennat et sa loi annexe de primauté de la présidentielle sur les législatives devrait rendre il est vrai plus sereine, dans l’espoir logique, à l’origine de la réforme, que les électeurs ne se déjugeront pas d’un scrutin à l’autre. Car c’était bien le seul objectif de la version du calendrier : l’alignement des mandats devait entraîner la conformité des majorités. Si la gauche l’emporte, Ségolène Royal saura trouver, et imposer s’il le faut aux éléphants revenus, le Premier ministre, le gouvernement et un premier train de mesures chocs pour que les législatives consolident sa victoire. La droite semble soulagée cette fois-ci du poids de l’hypothèque Le Pen. Tous les sondages indiquent que si Sarkozy remporte le premier tour, il pourra compter, le 6 mai, sur le ralliement massif, à 85 %, des électeurs du Front national, dont l’UMP sera alors assurée de bénéficier aux législatives. Ce n’était pas le cas en juin 2002, où plus d’un tiers de ses députés avaient été élus de justesse avec moins de 51 % des suffrages. Ségolène Royal ne profitera peut-être pas, à gauche de la gauche, du même effet rassembleur, en tout cas pas de la même ampleur. Il ne fait cependant pas de doute pour les instituts d’opinion que le vainqueur de la présidentielle gagnera également les législatives et vérifiera l’efficacité anticohabitation du nouveau système.
Seule une surprise, une grosse surprise Bayrou, pourrait faire voler en éclats ces anticipations et provoquer un sacré remue-ménage au sein de chacun des deux grands partis sans qu’on puisse en prévoir les effets déflagrants. Les états-majors de Sarkozy et de Royal disposent de quelques semaines encore pour sélectionner les premières grandes décisions emblématiques que le gouvernement issu des urnes s’empressera de mettre en route pour prouver la réalité de leur seul engagement commun : les électeurs ne seront pas grugés, les promesses seront tenues. La suite s’annonce plus indécise, ne serait-ce qu’en raison des contraintes budgétaires, pudique appellation du déficit incontrôlé, qui s’imposeront à la droite comme à la gauche, au moins jusqu’à la fin de l’année. La politique extérieure devrait cependant suivre peu ou prou son cours. Il y aura un autre ministre au Quai d’Orsay, une autre cellule africaine à l’Élysée, un autre chargé d’Europe à Matignon, un autre ton sans doute, si Sarkozy est élu, dans les échanges Paris-Washington. Mais qu’il s’agisse de l’Irak, de l’Iran, de la question israélienne et de la plupart des dossiers sensibles, aucune évolution majeure ne s’annonce dans les grandes lignes de la diplomatie Mitterrand-Chirac.

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