Un commandement américain en Afrique

Publié le 11 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, a confirmé le 6 février la décision du président George W. Bush de créer un Centre de commandement régional pour l’Afrique. Il existe déjà cinq commandements de ce type, le Central Command (Centcom), ainsi que les European (Eucom), Northern (Norcom), Pacific (Pacom) et Southern (Southcom) Commands.
Baptisée Africa Command, ou « Africom », la structure devra être opérationnelle avant la fin du mois de septembre 2008. Elle sera chargée de coordonner l’ensemble des opérations américaines dans les pays africains, à l’exception notable de l’Égypte, qui continuera à relever du Centcom en raison de son rôle dans le conflit israélo-palestinien. Actuellement, la grande majorité des pays sont rattachés à l’Eucom, mais l’Égypte, le Soudan, l’Érythrée, l’Éthiopie, Djibouti, la Somalie et le Kenya dépendent du Centcom, alors que Madagascar, les Seychelles et les îles de l’océan Indien sont placées sous la coupe du Pacom.
Une équipe va être prochainement mise en place à Stuttgart, au siège de l’Eucom. Elle sera à la fois chargée de définir les contours du futur Africom et d’assurer la transition. Selon Gates, le but de l’opération est de rendre l’approche américaine de l’Afrique « plus efficace et intégrée », alors qu’elle reste aujourd’hui beaucoup trop marquée par l’époque de la guerre froide. La priorité sera donnée à la coopération militaire plutôt qu’à la préparation d’opérations d’envergure, la plupart des pays africains ne représentant pas une menace directe pour les États-Unis.
Mais la cause essentielle de ce redéploiement stratégique, c’est évidemment la « guerre » en cours contre le terrorisme. Comme l’on sait, l’administration Bush redoute l’établissement de nouveaux sanctuaires islamistes en terre africaine – en Somalie, au Darfour et au Sahara notamment… Elle s’efforce aussi de sécuriser ses approvisionnements en pétrole. Désireux de ne plus dépendre du seul Moyen-Orient, les États-Unis ont commencé à diversifier leurs zones de ravitaillement et s’intéressent de près aux hydrocarbures africains. Près de 15 % de l’or noir qu’ils importent proviennent déjà du continent. Un chiffre qui pourrait passer à 25 % en 2015… Seul problème : la Chine s’y intéresse aussi. Et ses charmes ne laissent apparemment pas insensibles les Soudanais et les Angolais, pour ne citer qu’eux. Sévère lutte d’influence en perspective !
Reste à savoir où sera implanté le futur siège d’Africom ? Pour l’instant, personne n’en sait rien. Des consultations vont avoir lieu avec les principales capitales africaines. En l’état actuel des choses, le nom le plus volontiers évoqué est celui de Djibouti, seul pays africain à ce jour à accueillir une base américaine. Mais on parle aussi, sans grand fondement, du Mali, du Niger, du Ghana, du Liberia et de quelques autres.
Enfin, les spéculations vont bon train concernant l’identité du futur patron de l’Africa Command. Selon la presse anglo-saxonne, William « Kip » Ward disposerait d’indéniables atouts : il est africain-américain, général quatre étoiles et, surtout, commande en second les forces américaines en Europe. À ce titre, il s’occupe donc déjà d’une quarantaine de pays africains. En outre, il a, en 1993, participé à l’opération Restore Hope en Somalie – ce qui n’est pas forcément une référence ! – et occupé le poste de représentant militaire en Égypte (1998).

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires