Léonora Miano

Romancière camerounaise

Publié le 11 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Sa franchise brutale et son insouciance nous ont surpris. Elle nous a reproché de privilégier la politique aux faits de société et de ne pas avoir assez de femmes au sein de la rédaction. Léonora Miano ne se compose pas un visage de circonstance malgré ses airs d’adolescente : elle est vraie jusqu’à l’insolence. Née au Cameroun en 1973, son enfance se passe au milieu de livres. À 18 ans, elle arrive en France pour ses études universitaires. En 2005, son premier roman, L’Intérieur de la nuit, est publié chez Plon. Le succès est immédiat. L’an dernier, son deuxième livre, Contours du jour qui vient, retenu dans la première sélection du prix Goncourt, obtient finalement le Goncourt des lycéens.

Si elle est surprise, elle ne cache pas sa satisfaction. « Le prix n’a pas encore trop changé ma vie, et j’habite toujours dans un quartier populaire du 20e arrondissement de Paris. Quand mes voisins me disent qu’ils m’ont vue à la télévision, je leur réponds que ce n’était pas moi. Et ils me croient. » Pour justifier leur choix, les lycéens membres du jury ont « voté pour l’universalité du texte, explique la romancière. S’étant identifiés aux personnages, ils ont compris que toutes les manifestations de la folie ou de l’enfermement présentes dans le roman pouvaient être transposées dans d’autres sociétés. Cela m’a fait plaisir, car mon livre ne parle pas seulement de l’Afrique, et cet aspect avait complètement échappé à tous les critiques adultes. » Mais elle relativise sa réussite. « Le succès est toujours accidentel. Quand il y a plus de 600 romans lors d’une rentrée littéraire, être repéré est une chance, un hasard. Il faut donc garder un peu d’humilité, prendre les choses avec philosophie. D’ici à quelques mois, le téléphone ne sonnera plus du tout. »

la suite après cette publicité

Pour Miano, l’écriture est d’abord un désir, une quête de sens. C’est un combat pour redresser la tête, un appel à l’action. « S’il n’y a pas de sens au-delà de l’histoire racontée, ça ne m’intéresse pas. Je m’intéresse aux marginaux, à ceux qu’on oublie, qu’on ne veut pas voir et qu’on a sacrifiés. » Parfois, comme dans son premier roman, elle peut choquer. Mais elle refuse de battre sa coulpe. « Le temps n’est plus à la sensiblerie, réplique-t-elle. Si les gens sont choqués, c’est parce que nous avons le sentiment de n’avoir pas été vengés après toutes les blessures de l’Histoire. La seule façon de se venger, c’est de se reconstruire. Comment faire pour que les gens qui se sont assoupis se tiennent debout si on ne leur donne pas un coup de pied au derrière ? » En attendant d’autres succès – son prochain roman est prêt -, Léonora Miano poursuit sa quête littéraire : « inscrire les populations du monde noir dans l’universalité et affirmer l’unicité du genre humain ». Un regret toutefois : après avoir obtenu son prix, elle n’a reçu aucune félicitation des autorités camerounaises. En France, Jacques Chirac a été l’un des premiers à lui écrire.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires