Le virus aviaire peut-il s’humaniser ?

Publié le 11 février 2007 Lecture : 1 minute.

Le virus aviaire, qui vient de faire une réapparition en Angleterre, a été transmis de l’oiseau à l’homme : la barrière des espèces séparant homme et animal a donc été franchie. Mais jusqu’ici aucune transmission d’homme à homme n’a été observée. Comment pourrait-elle se produire ? Une première possibilité est celle qui semble à l’origine de la terrible « grippe espagnole » de 1918. Le virus aviaire, après s’être introduit chez l’homme, subit alors une modification sur quelques bases de son ARN (« mutation ») qui lui permet de s’adapter à l’homme, puis de se transmettre d’homme à homme. Il est « humanisé ».

Une deuxième possibilité nécessite un intermédiaire animal que la biologie virale rapproche à la fois de l’oiseau et de l’homme : le cochon. Proche de l’oiseau, il peut assez facilement recevoir le virus aviaire. Celui-ci, rencontrant chez le porc un autre virus animal, peut échanger avec lui quelques fragments de génome (c’est le « réassortiment », modification plus importante que la mutation). Proche de l’homme, le cochon pourra lui transmettre le virus ainsi formé avec transmission ultérieure d’homme à homme. Ce mécanisme semble avoir été celui des grippes asiatiques de 1957 et 1958. D’où l’intérêt de surveiller l’apparition possible d’une maladie suspecte dans les élevages de porcs en région d’épidémie aviaire.

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Dans une troisième possibilité, l’homme se comporte comme le cochon. Un virus aviaire ayant pénétré chez lui (plus difficilement que chez le porc) peut y rencontrer un virus de l’homme et, grâce à un réassortiment (moins probable chez l’homme), il peut produire un virus « humanisé » susceptible de passer à d’autres hommes. Cette modification pourrait être possible avec le virus de la grippe humaine. D’où l’intérêt de la vaccination contre la grippe humaine pour que l’homme ne puisse se comporter comme un cochon. Le virus « humanisé », quel que soit son mode d’apparition, entraînerait une épidémie humaine.

* Membre correspondant de l’Académie de médecine (France).
Cet article a bénéficié des conseils du Pr Hugues Toulou, Institut de médecine tropicale (Marseille).

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