Les Africains ont la cote

Publié le 11 février 2007 Lecture : 2 minutes.

« Une sélection africaine sera championne du monde avant la fin du XXe siècle », avait un jour prédit le roi Pelé à la fin du siècle dernier. L’Afrique a beau tarder à confirmer la prophétie, cela n’empêche pas les investisseurs de spéculer sur son football. Le Ghanéen Michael Essien et l’Ivoirien Didier Drogba transférés de Lyon et de Marseille à Chelsea pour 38 et 37,5 millions d’euros ; le Camerounais Samuel Eto’o qui prolonge son contrat au FC Barcelone jusqu’en 2010 pour un salaire annuel de 4,6 millions d’euros primes exclues ; les mêmes Drogba et Eto’o respectivement classés 15e et 4e meilleur footballeur de la planète en valeur marchande, selon le cabinet d’étude allemand BBDO : la cote des stars africaines n’a plus rien à envier à celle de leurs homologues européens ou sud-américains.
Les businessmen du ballon rond ont d’ailleurs bien compris quelles plus-values ils peuvent en tirer. Dans le sillage du succès de l’académie Jean-Marc Guillou d’Abidjan, de nombreuses structures de formations privées, plus ou moins formelles, ont vu le jour. Un article paru en juin 2004 dans la Revue française de géopolitique constatait, entre l’Afrique francophone et l’Europe, « une activité de structure parallèles aux centres de formation reconnus et agréés, avec des réseaux d’agents pour la plupart non agréés par la Fifa et d’intermédiaires locaux chargés de repérer comme d’approcher des jeunes joueurs afin de les mettre à l’essai dans un centre de formation européen []. Ces structures parallèles se sont aujourd’hui modifiées et complexifiées avec l’installation d’antennes locales pour le recrutement et la formation des jeunes avant leur migration ».
Les joueurs ne sont pas les seuls à faire l’objet de convoitises. La diffusion télévisée est, elle aussi, devenue une cible de premier choix. Après avoir acquis les droits de retransmission de la Coupe du monde 2006 pour le Maghreb et le Moyen-Orient, le bouquet satellite ART du milliardaire saoudien Cheikh Saleh Kamel avait fixé à 10 millions d’euros l’enveloppe à verser par les chaînes nationales si elles voulaient diffuser le mondial ?allemand. Incapable de réunir une telle somme, la Radiotélévision marocaine (RTM) n’obtiendra par exemple que vingt minutes de résumé quotidien et un reportage de cinq minutes diffusable à volonté pour la coquette somme de 1,5 million de dollars. Le gouvernement algérien devra lui subventionner l’achat des cartes d’abonnement à ART.
« Il ne faut pas chercher bien loin : ce qui manque à l’Afrique, c’est l’argent », en concluent nombre d’observateurs du football africain. « Ce qui manque à l’Afrique, c’est la perception de l’argent qu’elle génère », pourrait être encore plus juste.

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