Des experts à la rescousse

Publié le 11 février 2007 Lecture : 3 minutes.

Le Fonds monétaire international (FMI) a un gros problème : le modèle de développement sur lequel il a été conçu et grâce auquel il a longtemps prospéré ne marche plus. Tel est le verdict sans appel rendu, le 31 janvier à Washington, par un « comité d’éminentes personnalités » chargées de lui proposer un schéma de « financement durable à long terme ».
2006 a marqué un tournant. Pour la première fois, ses principaux clients ont fait défection. Plusieurs pays, notamment le Brésil, l’Argentine, l’Algérie, la Bulgarie et l’Uruguay, lui ont remboursé leurs créances avant terme. Soit, au total, 22 milliards de DTS (l’unité de compte du FMI, qui vaut 1,5 dollar). D’autres refusent désormais de recourir à ses prêts, jugés politiquement et économiquement trop contraignants, même s’ils demeurent moins onéreux que ceux du marché libre. Au 1er février, les encours de ses prêts sont tombés à 9,1 milliards de DTS, contre 71,9 milliards en 2003. Il ne dispose plus aujourd’hui que de 35 emprunteurs (le quart de son portefeuille). Sans la Turquie (6,9 milliards de DTS), il aurait déjà fait naufrage. Car ce ne sont pas les dix-huit pays africains qui peuvent le faire vivre avec leurs modestes emprunts : 2 millions de DTS pour le Bénin, 8 millions pour le Cameroun, etc.
L’équation est simple : moins de prêts = moins de commissions et d’intérêts, donc moins d’argent pour financer le budget du Fonds : 930 millions de dollars en 2006 (dont 72 % pour les salaires des 2 716 salariés). L’exercice 2006 (1er mai 2005-30 avril 2006) sera sans nul doute le dernier à être bénéficiaire (+ 115 millions). Celui de 2007 se traduira par un trou de 69 millions de DTS. Si rien n’est fait pour corriger le tir, le déficit devrait être de 124 millions en 2008 et de 245 millions en 2010. En mai 2006, Rodrigo de Rato, le directeur général du Fonds, a donc demandé à un panel de personnalités choisies pour leurs compétences et leur indépendance d’esprit de lui proposer un autre modèle. Placé sous la direction d’Andrew Crockett, président de JPMorgan Chase International et ancien DG de la Banque des règlements internationaux (BRI), ce comité est composé de sept autres experts : Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne ; Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale chinoise ; Tito Mboweni, gouverneur de la Banque centrale sud-africaine ; Guillermo Ortiz, gouverneur de la Banque centrale mexicaine ; Hamad al-Sayari, gouverneur de l’Agence monétaire saoudienne (Sama) ; Mohamed A. el-Erian, PDG de la Harvard Management Company ; et Alan Greenspan, consultant et ancien président de la Réserve fédérale américaine.
Leurs conclusions ? Le FMI ne doit surtout pas augmenter ses taux d’intérêt pour accroître ses bénéfices. Tout en comprimant son budget administratif, il lui faut proposer de nouveaux services payants (gestion des avoirs en devises de pays, conseil, assistance technique, etc.). Surtout, selon le comité, le FMI pourrait gagner entre 300 millions et 400 millions de DTS s’il était autorisé à investir plus librement ses réserves (6 milliards de DTS) et une partie de son capital (20 milliards). Mais la pièce maîtresse du dispositif serait la vente d’une partie de son stock d’or : 403 t, sur un total de 3 217 t. Cette vente dégagerait un bénéfice net de 1,7 milliard de DTS. Placé dans un « fonds spécial », ce capital rapporterait 130 millions de DTS par an (avec un rendement de 3 %).
Le plan sera soumis aux 185 États membres les 14 et 15 avril à Washington. Selon de Rato, l’examen devrait durer au moins deux ans, la décision devant être approuvée par au moins 85 % des droits de vote. Bien entendu, rien n’est possible sans le feu vert des États-Unis (17 %), très hostiles jusqu’à présent à toute vente d’or, par crainte d’une chute des cours sur le marché libre.

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