La réforme ou la mort

Publié le 10 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Les postes africaines ont-elles encore un avenir ? Cette interrogation existentielle a été au cur du premier Forum postal d’Afrique centrale, du Nord et de l’Ouest (Marrakech, 4-5 décembre). Avec 1 bureau pour 93 000 habitants, alors que la moyenne mondiale avoisine 1 pour 10 000, le continent est à la traîne. Et les flux y sont très limités : moins de 4 envois par an et par usager, contre près de 400 en Europe et en Amérique du Nord. Déstabilisées par les nouvelles technologies et l’essor du courrier électronique, fragilisées par la perte de leur monopole sur l’express et le transport de colis, soumises à la concurrence des messageries privées internationales et handicapées par un manque de moyens chronique, les administrations postales africaines sont condamnées à réagir, sous peine de disparaître. « Elles souffrent d’une image très dégradée, conséquence de plusieurs décennies d’impéritie », résume un participant.
Pourtant, les motifs d’espoir existent. La mission de service public des postes africaines coûte cher et les oblige à un maillage serré du territoire, mais leur réseau est unique par sa densité. Le problème est qu’elles l’ont assez peu valorisé. Il s’agit maintenant de développer leur gamme de services, notamment financiers, de diversifier leurs sources de revenus, de négocier le virage des nouvelles technologies et de s’impliquer davantage dans le transfert d’argent. Le métier de postier a changé, il ne se limite plus à celui de facteur.
L’Union postale universelle, dont le directeur général, Édouard Dayan, était présent à Marrakech, a placé l’Afrique au centre de son action. Un Plan intégral de développement (Pidep), sorte de vade-mecum de la réforme, a été élaboré et d’ores et déjà appliqué au Mali et au Burkina. Le Maroc et la Tunisie, qui se sont remarquablement adaptés à la nouvelle donne, sont des exemples à suivre. Barid al-Maghrib réalise aujourd’hui 48 % de son chiffre d’affaires (1,27 milliard de dirhams en 2005) via ses services financiers et propose une gamme de produits allant de la monétique aux assurances. La Poste tunisienne, devenue multiservice, a pour sa part doublé son chiffre d’affaires entre 1999 et 2005, et multiplié par trois son taux d’encadrement. Quant au nombre de clients des chèques postaux, il a triplé depuis 2004.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires