La police des polices contredit Sarkozy

Publié le 10 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Le procès-verbal de l’Inspection générale des services (IGS), la « police des polices », le souligne sans ambiguïté : ce soir-là, à Clichy-sous-Bois, dans la banlieue parisienne, certains fonctionnaires de police ont fait preuve d’une « légèreté et d’une distraction surprenantes ».
Rendu public le 7 décembre, ce document de 14 pages contredit l’interprétation que Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Intérieur, avait donnée du drame qui, à la fin de l’année dernière, fut à l’origine de graves violences urbaines : l’électrocution de deux jeunes banlieusards, Zyed Benna et Bouna Traoré. Manifestement désireux de dédouaner les policiers présents sur les lieux, le ministre avait indiqué que « trois jeunes qui n’étaient pas poursuivis physiquement [par la police] sont allés se cacher. [] Il semble que deux d’entre eux se soient électrocutés ».
Un peu plus tard, il avait repris à son compte ce qui n’était encore qu’une hypothèse : « Aucun policier ne poursuivait ces jeunes gens au moment du drame. Il n’y a aucune polémique à entretenir. » La version de l’IGS est sensiblement différente.
À 17 h 32, un gardien de la paix témoin de la scène adresse trois messages radio à ses collègues pour leur signaler que trois individus sont en train d’enjamber le mur d’enceinte d’un transformateur EDF. Il demande des renforts et commente : « Je ne donne pas cher de leur peau. »
À 18 h 12, l’électrocution se produit. L’IGS estime que « l’étude de la chronologie des faits met en évidence le fait que si EDF avait été avisée » à temps, ses agents auraient pu intervenir « un quart d’heure avant que ne se produise l’accident ».
Ce n’est pas la première fois que Sarkozy est ainsi démenti pas les policiers. Commentant les émeutes qui avaient suivi le drame de Clichy, il avait estimé que celles-ci étaient le fait de « bandes organisées » et de « véritables maffias ». Selon lui, 70 % des jeunes placés en garde à vue avaient un passé délictueux. En fait, les Renseignements généraux ont révélé que seuls 20 % à 25 % d’entre eux étaient connus des services de police, que 80 % étaient scolarisés et que 25 % suivaient une formation professionnelle.

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