François Lucas

La privatisation de Tunisie Télécom (TT), avec la cession officielle le 17 juillet de 35 % de son capital à l’opérateur émirati Tecom-Dig (groupe Dubai Holding), s’est traduite par l’arrivée de nouveaux responsables dans l’organigramme de la compagnie publique. Parmi eux, le nouveau directeur général adjoint représentant Tecom-Dig, François Lucas, ex-directeur général chargé du fixe et de l’Internet représentant Vivendi au sein du groupe Maroc Télécom. Il fait ici le bilan des cent premiers jours de Tunisie Télécom nouvelle formule.

Jeune Afrique : Comment se sont passés ces cent premiers jours ?
François Lucas : Cette période a été caractérisée par un rythme de travail effréné au niveau de l’équipe mixte composée de l’état-major de Tunisie Télécom, des représentants du partenaire stratégique et de leurs conseils. Le partenaire stratégique s’est fortement impliqué, avec de nombreuses missions d’assistance par des experts de Tecom ou encore la présence à Tunis tous les quinze jours de Deepak Padmanabhan, PDG de la société Emirati International Télécom (EIT) nouvellement constituée et dont la vocation est de porter les participations des développements de Dubai Holding dans les télécoms à l’international.

Quelles ont été les premières réalisations ?
Le premier travail réalisé avec l’assistance du cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group a consisté à faire un diagnostic sans complaisance de la situation de l’entreprise avec la mise en évidence précise des points forts et des points faibles dans tous les domaines. Ce travail de diagnostic a ensuite donné lieu à l’élaboration de la vision, des missions, des valeurs et de la stratégie de l’entreprise. Cela a été validé par le conseil d’administration le 2 octobre. Nous abordons maintenant la phase de mise en uvre en profondeur de la transformation de l’entreprise.
Sur le plan marketing, les résultats de la nouvelle dynamique ont été immédiats avec notamment des ventes de cartes SIM multipliées par trois par rapport à la moyenne des mois précédents.
Dans d’autres domaines, Tunisie Télécom est désormais dotée d’un modèle de gouvernance d’entreprise qui comprend des dispositions pour permettre au conseil d’administration de jouer pleinement son rôle dans la détermination de la stratégie et dans la supervision de son exécution.

Quels sont les investissements prévus en faveur des nouvelles technologies ?
Un programme accéléré d’investissements est prévu dans les infrastructures de réseau nécessaires pour faire face au développement rapide de l’Internet à haut débit (ADSL). L’objectif est de doter le pays de nouvelles capacités d’accès et de multiplier la bande passante internationale par dix d’ici à la fin de 2007 ou au début de 2008.

Que reste-t-il encore à faire ?
Tout cela n’est qu’un début, et le temps presse. Car le marché, les exigences grandissantes de nos clients et la concurrence imposent une accélération du rythme des mutations de Tunisie Télécom déjà engagées depuis plusieurs années. Nous devons nous mobiliser autour de notre projet d’entreprise : faire de la société qui a conçu les réseaux de télécommunication de la Tunisie moderne une entreprise de services à l’écoute de ses clients. Nous devons aussi nous affirmer davantage comme le champion national des technologies de l’information et de la communication et être le principal moteur de développement du secteur. Enfin, à travers la transformation de Tunisie Télécom, nous voulons faire la démonstration concrète de la pertinence de la stratégie de privatisation du gouvernement pour le plus grand bien de ses actionnaires.