Fatou N’Diaye, l’amour malgré l’horreur
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Le film, comme son réalisateur et sa vedette masculine, est canadien. Son actrice principale, la superbe Fatou N’Diaye, est une Française d’origine sénégalaise. Et l’histoire, bien sûr, se déroule au Rwanda. Un Dimanche à Kigali a sans doute été le film étranger en compétition le plus applaudi lors du Festival international du film de Marrakech (1er-9 décembre).
S’il a fait événement, ce n’est pas parce qu’il aborde le délicat sujet du génocide rwandais de 1994. Ce thème, en effet, a déjà suscité, outre quelques documentaires, une demi-douzaine de longs-métrages de fiction, dont certains, comme Hotel Rwanda ou Shooting Dogs, ont eu un retentissement international. Ce n’est pas non plus parce qu’il s’agit du premier film francophone consacré à la tragédie (on attend toujours qu’un Français de France ose affronter le sujet). Ce n’est pas, enfin, en raison de son scénario, qui n’évite pas toujours les clichés.
Inspirée du best-seller de Gil Courtemanche (Un Dimanche à la piscine de Kigali), l’histoire raconte l’épopée de Bernard Valcourt, un réalisateur de documentaires canadien, qui, venu tourner à Kigali un film sur les ravages du sida, voit sa vie basculer quand il tombe amoureux fou de la bien nommée Gentille. Serveuse à l’hôtel des Mille-Collines, le QG des Occidentaux de passage, celle-ci est officiellement une Hutue, comme son père, mais elle a, pour son malheur, l’apparence d’une Tutsie, comme sa mère. On est alors à la veille des massacres Le tout est le plus souvent raconté sous forme de longs flash-backs, quelques mois après les faits, quand le Canadien, brutalement séparé de Gentille lors de l’évacuation des Occidentaux par les Casques bleus, revient à Kigali à la recherche d’une trace de la disparue, probablement violée et assassinée.
L’intellectuel blanc et la petite employée noire en danger de mort, avec des tueurs qui rôdent et prennent parfois les traits d’anciens assistants hutus du réalisateur Le mélo n’est pas loin. Pourtant, Un Dimanche à Kigali est une uvre forte, sans être exceptionnelle, qui, pour l’essentiel, évite les pièges de la caricature. Peut-être parce que, à la différence d’Hotel Rwanda, elle a été tournée sur les lieux mêmes des événements. Peut-être aussi parce que le génocide, bien qu’omniprésent, n’est que rarement montré frontalement. Et sûrement parce que le réalisateur et ses acteurs sont parvenus à susciter l’émotion sans tomber dans le larmoyant.
Au début, Fatou N’Diaye avait d’ailleurs un peu peur de jouer dans un tel film. Mais elle a été rassurée dès la lecture du scénario. Cette volonté farouche d’aimer qui, malgré l’horreur, anime Gentille, cette urgence de vivre sans retenue quand tout bascule dans le cauchemar, « c’est cela que j’ai voulu jouer », explique-t-elle. Parce que c’est ce qui permet de ne pas désespérer de l’humanité.
Reste que, comme tous les autres films sur le génocide, Un Dimanche à Kigali est un film occidental réalisé d’un point de vue occidental. La tragédie est observée, pour l’essentiel, de l’extérieur. Ce qui vient nous rappeler la rareté des images africaines sur l’Afrique. Un problème que le programme du Festival de Marrakech a illustré, cette année, de manière spectaculaire : parmi les 122 longs-métrages présentés, on chercherait en vain l’uvre d’un réalisateur subsaharien
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