Cherche diplômés désespérément

Sans ressources humaines qualifiées, les ambitions affichées pourraient bien ne pas se concrétiser à la date prévue.

Publié le 10 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Elle est la condition sine qua non pour éviter le fiasco. LE facteur duquel dépend la réussite – ou l’échec – du plan « Offre offshoring Maroc 2010 » promu en juillet dernier par le gouvernement, répètent sans cesse les professionnels. « Depuis son lancement, une seule question reste en suspens : la formation », confirme le patron d’un groupe high-tech marocain. Une inquiétude bien légitime, car la barre a été placée très haut par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’économie. Sa stratégie pour le développement des métiers offshore implique, en effet, la formation de 90 000 à 100 000 personnes d’ici à 2015. Un défi colossal, d’autant que les ambitions chérifiennes ont été revues à la hausse : désormais, Rabat souhaite s’orienter vers l’accueil de services à forte valeur ajoutée, comme le back-office bancaire et financier, le conseil juridique, la création de sites Internet et le développement de logiciels informatiques. « Jusqu’à présent, le pays misait plutôt sur la délocalisation de centres d’appels, qui ne nécessite qu’une simple formation linguistique. Pour les autres métiers de l’offshoring, en revanche, c’est différent. Les exigences sont bien plus importantes. Ils nécessitent des compétences juridiques poussées et des connaissances en comptabilité, en gestion et en ressources humaines », analyse Kamil Benjelloun, président délégué de CBI.
De son côté, Salah-Eddine Mezouar, le ministre de l’Industrie, joue l’apaisement : « Pas de panique, nous avons tout prévu, nous maîtrisons la situation. » Trois grandes mesures ont été prises pour mettre un réservoir de main-d’uvre qualifiée à la disposition des entreprises. Dans un premier temps, un « Plan national de formation agressif et focalisé sur les métiers de l’offshoring » doit faire face à l’urgence. Il prévoit, d’ici à 2009, la formation de près de 22 000 personnes spécialisées dans quinze filières clés. À plus long terme, l’« Offre Maroc » promet également la création d’un pool de ressources humaines « considérable et compétitif » dans les métiers offshore les plus répandus. Une production annuelle de 40 000 à 50 000 profils types de niveau intermédiaire (bac + 2, bac + 4) est envisagée. Enfin, l’État a décidé d’accorder aux entreprises qui s’implanteront dans les quatre zones d’affaires de Casablanca, Tanger, Marrackech et Rabat-Technopolis une aide à la formation postembauche. Dans la limite de 50 000 DH par employé sur trois ans, les pouvoirs publics prendront en charge 100 % des frais de formation la première année, et 75 % les deux années suivantes.
Au cur du dispositif se trouve l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Fort d’un réseau de 245 centres répartis sur l’ensemble du territoire marocain, il sera chargé de fournir le gros des profils intermédiaires recherchés. Des établissements plus particulièrement spécialisés dans les métiers de l’offshoring verront le jour dans les mois à venir. Un premier objectif a été assigné à l’établissement public : la mise sur le marché de 7 000 techniciens et administratifs spécialisés dans la filière en 2009. L’idée n’est pas tant de former de jeunes bacheliers vierges de toute expérience professionnelle que de reconvertir des chômeurs diplômés dans des activités connexes. « Pour crédibiliser la démarche, l’organisme public a signé des partenariats avec des experts internationaux chargés de garantir la qualité des formations », explique Abdellatif Mounir, directeur central de l’OFPPT. Le 13 juillet dernier, un accord avec le Conservatoire national des arts et métiers français (Cnam) a notamment été passé. D’autres sont en discussion ou en cours de finalisation avec des entreprises privées comme Tata Consulting, Microsoft, Cisco ou Atos.
« Nous allons également mobiliser les écoles et les universités pour parvenir à former 10 000 ingénieurs par an en 2009, contre environ 4 300 aujourd’hui, sans compter les Marocains qui se forment à l’étranger », ajoute Salah-Eddine Mezouar. La création de cursus spécialisés dans les facultés et une hausse de 30 % des effectifs admis dans les écoles d’ingénieurs ont été mises en place dès cette année. Le compte à rebours a commencé.

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