Retour à Benghazi
Publié le 10 septembre 2006 Lecture : 1 minute.
L’événement est sans précédent dans les annales de la Jamahiriya : le 29 août, l’opposant en exil Mohamed Bouyssir est rentré à Benghazi, sa ville natale, sans être inquiété ni être obligé de se renier. « Je continuerai de militer pour un État constitutionnel et pluraliste en Libye », a déclaré le président de The American-Libyan Alliance for Freedom (ALFA), quelques heures après son arrivée.
Fils de Salah Bouyssir, un ancien ministre des Affaires étrangères qui trouva la mort en 1973 dans le crash de son avion, abattu par l’armée israélienne au-dessus du Sinaï occupé, l’opposant a toutefois pris quelque distance avec le discours de l’opposition radicale. Il ne prône plus la destitution du « Guide », mais soutient que celui-ci est « la seule force politique capable de démanteler l’État totalitaire » qu’il a lui-même mis en place.
En clair, Bouyssir croit à une sorte de perestroïka à la libyenne, avec Kadhafi dans le rôle de Mikhaïl Gorbatchev. Son raisonnement est partagé par Ali Ramdan Abou Zaakouk, autre célèbre exilé politique rentré quelques jours plus tôt au pays. Membre fondateur du Front national pour le salut de la Libye (NFSL), la principale composante de l’opposition laïque en exil, Abou Zaakouk vivait depuis vingt-sept ans à Washington, où il dirigeait la section locale du centre d’étude Islam et démocratie. Les deux hommes affirment avoir reçu de Seif el-Islam Kadhafi des assurances quant à leur liberté d’expression et de mouvement.
« Ils tentent un pari courageux mais risqué ; autant que le voyage de Sadate à Jérusalem [en 1977] », commente, sceptique, un farouche détracteur du régime installé en Allemagne. De manière générale, l’opposition en exil se montre très partagée sur l’éventuelle ouverture d’un dialogue avec le maître de Tripoli. Les Frères musulmans y sont favorables, mais pas les dirigeants du Congrès national de l’opposition libyenne, fondé à Londres en 2005. « Le régime n’est pas réformable, il faut le renverser », estime l’un d’eux.
