Pesanteurs socialistes
En 1969, après son arrivée au pouvoir, Mouammar Kadhafi avait promis à ses compatriotes la justice sociale et la prospérité. Pour accéder à cet avenir radieux, il avait joué la carte du socialisme, avec son cortège de nationalisations et de collectivisations. Trente-sept ans plus tard, l’épithète « socialiste » reste accolée au mot Jamahiriya (l’« État des masses »), mais le système a subi quelques aménagements. En témoignent le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) consacré à l’économie libyenne, le troisième depuis 2003, et la reprise des relations entre Tripoli et les institutions de Bretton Woods, longtemps suspendues pour cause de sanctions internationales. Se félicitant de la « détermination libyenne à réformer et à moderniser l’économie », les auteurs énumèrent les mesures en ce sens prises par Kadhafi.
Le protectionnisme a d’abord été atténué. De 31, le nombre des produits interdits à l’importation est passé à 17. Et la Banque centrale est désormais habilitée à donner son feu vert à l’implantation des banques étrangères. La coopération avec la communauté internationale a par ailleurs été renforcée, avec notamment l’adoption de dispositions juridiques contre le blanchiment d’argent. Enfin, la place du secteur privé a été (légèrement) accrue : privatisation de la Sahara Bank, simplification des procédures de création d’entreprise, mise en place d’incitations fiscales pour les entreprises étrangères engagées dans des joint-ventures, etc.
Mais, en bon pédagogue, le FMI souligne les progrès pour mieux relever les insuffisances. « Le secteur des hydrocarbures reste dominant », déplore le rapport, qui juge cette dépendance énergétique fort dangereuse. Entre 2000 et 2005, le pétrole a ainsi assuré 56 % du produit intérieur brut (PIB) et 80 % des recettes de l’État. « Les niveaux de croissance prévus pour les investissements dans le secteur non pétrolier sont parmi les plus bas de la région et ne permettront pas de créer assez d’emplois pour faire face à la croissance rapide de la main-d’uvre », analysent les économistes.
Autre réserve : les trois quarts des emplois restent concentrés dans le secteur public et les investissements privés ne représentent pas plus de 2 % du PIB.
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