Algérie : Brahim Hasnaoui, une âme de bâtisseur
En près de quarante ans, Brahim Hasnaoui a mis sur pied l’un des groupes de BTP les plus prospères d’Algérie. C’est lui qui mène le mégaprojet d’El Ryad, dans l’est d’Oran.
Bien qu’il enchaîne cigarette sur cigarette – « le stress du métier… » -, Brahim Hasnaoui, patron du Groupe des sociétés Hasnaoui (BTP et matériaux de construction), semble fier de faire visiter El Ryad, véritable ville dans la ville, qu’il construit dans l’est d’Oran. Les lignes des bâtiments sont pures, les espaces extérieurs vastes. Un vrai contraste avec la lourdeur des villas privées et la densité du bâti social commandé par l’État, depuis une décennie, essentiellement à des entreprises chinoises. Le patron veut « créer une cité où vivre, pas seulement où habiter ».
L’ensemble de 1 759 logements, construits sur 45 hectares avec des galeries marchandes, un lycée, deux écoles primaires, etc., a été conçu avec le cabinet d’architecture portugais Saraiva & Associados, présent également en Guinée équatoriale, au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou au Nigeria. Coût de l’opération : entre 200 millions et 250 millions d’euros, glisse le patron. Destinés aux classes aisées, les appartements sont cédés entre 120 000 et 400 000 euros.
Football
Brahim Hasnaoui a bâti l’essentiel de son succès, depuis 1974, entre la capitale économique de l’Ouest, Oran, et sa ville de Sidi Bel-Abbès, à 80 km au sud. Il y a même présidé, avec un certain succès, le club de football local à la fin années 1970. « Mais trois ans m’ont suffi, c’était trop difficile de gérer l’irrationnel », dit-il aujourd’hui. Ingénieur en génie civil, il a fait prospérer son entreprise en pleine période socialiste, quand être patron était, pour le moins, mal vu des autorités.
sur l'image." title="Cliquez sur l'image." class="caption" style="border-style: solid; border-color: #000000; margin: 3px; float: right;" />Au début des années 2000, alors que les commandes publiques dans le BTP explosent, Brahim Hasnaoui y répond de moins en moins et se concentre sur la promotion immobilière. « Trop de lourdeurs administratives et de précipitation, déplore-t-il. Dans le BTP, les études devraient être plus longues que la réalisation. Mais en Algérie, particulièrement dans le secteur public, on les poursuit trop souvent pendant la réalisation. » Plutôt que de faire construire des centaines de milliers de logements subventionnés, « presque gratuits », il estime que l’État devrait plutôt garder un rôle de régulateur, grâce au foncier, et laisser les entreprises gérer la forte demande, y compris à caractère social. Pas sûr que les autorités le suivent comme dans les années 1990, lorsqu’il a construit près de 2 000 logements sociaux participatifs à Sidi Bel-Abbès, sur des terrains publics cédés à bas prix, et réduit la tension sur le marché.
Eldorado
Brahim Hasnaoui évalue le chiffre d’affaires de son groupe à 200 millions d’euros (60 % pour la construction et 40 % pour la production, notamment via la Société d’exploitation des carrières Hasnaoui). Depuis que la crise a poussé les entreprises européennes à regarder vers le sud, il multiplie les partenariats pour améliorer le savoir-faire et l’intégration de sa société. En 2008, il s’est associé avec Teknachem pour créer une entreprise d’adjuvant pour béton dont le volume d’affaires dépasse déjà celui du groupe italien. Avec le chinois Bingkun, il apprend le management des grands projets publics. Mais c’est en Espagne qu’il a trouvé son eldorado. Avec Grupo Puma, il a fondé en 2008 la première unité algérienne de production de matériaux (mortiers, colles spéciales…) puis, avec Rostrinium – une société espagnole spécialisée dans la réhabilitation urbaine -, Mat Peint.
Depuis peu, il rachète dans la péninsule Ibérique en crise les outils de production d’usines en faillite, tout en impliquant les anciens propriétaires pour faire « moins d’erreurs ». C’est dans ce cadre qu’il a créé en 2011 la société de menuiserie MDM, dont les portes équipent les logements d’El Ryad. Et il récidive actuellement dans l’aluminium, en partenariat avec l’espagnol Strugal. « C’est à peine le dixième du coût du neuf ! » jubile-t-il, encourageant les autres entreprises algériennes à s’approvisionner elles aussi de l’autre côté de la Méditerranée.
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