Silvio et le sein de la Vérité

Publié le 10 août 2008 Lecture : 1 minute.

Il y avait déjà « l’affaire de la chapelle Sixtine », qui, à la vérité, commence à dater : la censure du Jugement dernier de Michel-Ange, à la demande du pape Paul IV. Chargé de voiler les nudités un peu trop virilement exhibées de l’aréopage divin, Daniele Da Volterra, bon peintre au demeurant, y gagnera pour l’éternité le peu glorieux surnom d’Il Braghettone (« le culottier »).
Il y a désormais « l’affaire du palais Chigi ». Après son retour à la tête du gouvernement, en mai, Silvio Berlusconi, vantard sexuel notoire et grand amateur de bimbos botoxisées, a fait installer dans la salle de presse de la présidence du Conseil italien une reproduction grandeur nature d’un sublime tableau de Giambattista Tiepolo (1696-1770), La Vérité dévoilée par le temps. On imagine aisément que ladite Vérité, figurée sous l’apparence d’une femme ne porte pas grand-chose sur elle. De réjouissants clichés pris lors de conférences de presse ont été publiés. Ils montrent une poitrine de nymphe, opulente et véridique, narguant les implants, capillaires et mensongers, du Cavaliere.
Las, afin de « ménager la sensibilité de certains téléspectateurs », les cameramen du gouvernement italien jugent bon désormais de nimber d’une gaze légère le sein de la Vérité. « Moralisme niais ! », hurle un historien d’art. On se calme. Silvio est comme il est, mais il a une qualité : il ne peut s’empêcher de nous faire rire. À ses dépens.

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