John Kanyoni : « Dans le Nord-Kivu, l’activité est à l’arrêt »
Les patrons de l’est du pays affirment s’organiser pour lutter contre les minerais de la guerre qui alimentent les rébellions armées.
Patron de Metachem (qui traite et exporte de l’étain) et ancien député du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), John Kanyoni représente les producteurs et exportateurs congolais de tantale, de tungstène et d’étain. Installés dans l’Est, ces patrons ont été critiqués pour leurs liens supposés avec les groupes armés qui ont fait du sous-sol leur source de financement.
Jeune Afrique : Quelle est votre opinion sur la situation sécuritaire de l’est de la RD Congo après la montée en puissance du M23 ?
John Kanyoni : Le Nord-Kivu est à nouveau dans une mauvaise passe, et les activités minières légales – y compris les miennes – y sont à l’arrêt. Nous attendons que les négociations de paix à Kampala aboutissent. Mais tout l’Est n’est pas touché. Dans le Sud-Kivu et le Maniema, l’activité minière formelle continue, tant du côté des opérateurs congolais que des groupes internationaux.
L’activité minière est décrite comme la cause des conflits…
On a dit que les minerais de tantale, de tungstène et d’étain alimentaient la guerre. C’est vrai, des groupes armés se sont immiscés dans notre activité. Les États-Unis, à la demande d’ONG comme Global Witness et Enough Project, ont mis sous embargo les minerais de la région. Nous ne nions pas le problème des minerais de la guerre, mais cette réponse était inappropriée, car elle a rajouté au conflit une crise sociale et économique.
Comment lutter efficacement contre les minerais de la guerre ?
Le secteur formel travaille avec l’État pour créer les conditions d’une exploitation durable. En 2003, il n’y avait dans l’Est que trois comptoirs respectant les conditions légales, assurant des conditions de travail acceptables, excluant tout contrôle par des gens en armes, les nuisances à l’environnement et le travail des enfants. En 2008, ils étaient 30 agréés, mais ce chiffre est tombé à cinq du fait de l’embargo. Sur la traçabilité, nous avons progressé via des accords avec les organisations internationales de l’étain et du tantale et des importateurs comme Motorola, Boeing et Intel. Nous élaborons aussi à l’échelle de la région des Grands Lacs une certification sur l’origine des minerais. Il reste toutefois beaucoup à faire. Sur le plan de la justice notamment, les chefs de guerre contrôlant des mines doivent être condamnés.
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