Indianisation du djihad ?
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Avec 2 700 victimes d’attentats à la bombe au cours de la seule année 2007, l’Inde figure en deuxième position, juste derrière l’Irak, sur la liste du département d’État américain des pays les plus exposés à la menace terroriste. La dernière ville touchée est Calcutta, où une bombe artisanale a fait 4 morts, le 3 août. La police indienne, qui dépend des gouvernements régionaux, est totalement dépassée par les événements. Il est vrai qu’il existe dans le pays de nombreuses cellules djihadistes « dormantes ».
L’attentat le plus meurtrier a visé la ville d’Ahmedabad, poumon économique de l’État du Gujarat, le 26 juillet (50 morts, 160 blessés). Quelques minutes avant les explosions, il a été revendiqué dans un email adressé aux principales chaînes de télévision par un groupuscule relativement peu connu, Les Moudjahidine indiens, apparemment désireux de venger les musulmans tués en 2002 lors d’émeutes interethniques.
Connexions extrémistes
Les Moudjahidine indiens sont une émanation du Simi, un mouvement islamiste étudiant interdit en raison de ses liens avérés avec Al-Qaïda, mais qui est aussi en relation avec des organisations extrémistes telles que le Harkat ul-Jihad al-Islami (Huji) et le Lakshar-i-Taiba, qui opèrent, l’un à partir du Bangladesh, l’autre du Pakistan.
« Le modus operandi des attentats d’Ahmedabad révèle un très haut niveau d’expertise », explique B. Raman, un ancien chef des services secrets indiens, en raison notamment de l’utilisation de détonateurs à circuit intégré. Ce qui sous-entend, selon lui, que l’opération n’aurait pu être menée à bien sans la complicité logistique du voisin pakistanais, que les autorités indiennes accusent traditionnellement de soutenir et de financer les djihadistes. De la même façon, l’Inter-Services Intelligence (ISI), les services secrets pakistanais, a été mis en cause lors de l’attaque kamikaze lancée le 7 juillet contre l’ambassade d’Inde à Kaboul. Bref, la tension entre les deux pays est extrême.
Mais le Bangladesh est lui aussi dans le collimateur des autorités indiennes depuis l’arrestation d’un certain Mohamed Jalaluddin, qui s’est révélé être le chef de l’antenne du Huji en Inde. Celui-ci a avoué avoir reçu une formation militaire dans les camps djihadistes bangladais et être impliqué dans l’organisation de différents attentats. Jalaluddin étant de nationalité indienne, peut-on parler d’une « indianisation du djihad » ? Il est certain que, minoritaires, sans véritables perspectives économiques et, à l’occasion, persécutés, les musulmans indiens constituent des proies faciles pour des recruteurs islamistes habiles à exploiter rancurs et frustrations.
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