Une occasion en or

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Les 103,4 millions d’onces d’or que détient le Fonds monétaire international (FMI) sont une anomalie. Sous le système de taux de changes fixes de Bretton Woods, les membres du FMI avaient souscrit à hauteur de 25 % de leurs quotes-parts en or au prix fixe de 40 dollars l’once. Aujourd’hui, la valeur comptable des avoirs en or du FMI se chiffre à 9 milliards de dollars environ, mais leur valeur commerciale s’élève à quelque 45 milliards. À l’heure où les pays riches se penchent sérieusement sur la lutte contre l’extrême pauvreté, la question peut être légitimement posée : pourquoi ne pas utiliser les bénéfices de la vente de l’or du FMI pour financer l’aide aux pays les plus pauvres ? Plusieurs raisons y incitent, mais je n’en citerai que deux, qui consistent à réparer deux injustices.
Premièrement, lorsque la parité de l’or a été abolie en 1978, les trois quarts du milliard d’onces détenues par les Banques centrales étaient concentrés entre les mains d’un petit nombre de pays : États-Unis, Allemagne, France, Italie, Suisse, Pays-Bas et Belgique. Les pays africains les moins développés en détenaient 0,2 %. Comme les Banques centrales sont devenues libres de réévaluer leurs actifs en or en fonction des cours, les gains de ces sept pays se sont élevés à 358 milliards de dollars, contre 800 millions de dollars seulement pour les pays africains.
Les inégalités se sont aggravées quand certains pays ont commencé à vendre leurs stocks de dollars pour racheter de l’or. En 1950, les réserves en or de ces pays étaient à peu près équivalentes à celles de l’ensemble des pays non exportateurs de pétrole. En 1970, elles étaient six fois plus élevées.
Seulement voilà, les pays en développement ont été dissuadés de conserver de l’or ; on leur a assuré que le dollar était aussi performant que le métal jaune, les incitant à investir dans des placements productifs d’intérêts. Les bons du Trésor américains rapportèrent en moyenne 2 % dans les années 1950 et 4 % dans les années 1960. Si les pays en développement non exportateurs de pétrole avaient choisi de constituer leurs réserves en or dans les mêmes proportions que les cinq pays riches (66 %), ils auraient gagné 100 milliards de dollars à la fin des années 1970.
La seconde raison est liée à la décision du FMI de générer de nouvelles liquidités à travers l’émission de droits de tirages spéciaux (DTS). Les tentatives des pays pauvres d’utiliser les DTS pour financer leurs besoins en matière de développement ont échoué. On a prétendu que la création de nouvelles disponibilités devait rester neutre (pas d’inflation). Mais si les liquidités mondiales avaient été constituées via les DTS, les réserves des pays en développement non exportateurs de pétrole auraient augmenté de 103 milliards de DTS à la fin des années 1970. Les pays africains les moins développés auraient réalisé un gain de 8,6 milliards de DTS.
Dans l’état actuel des choses, aucune mesure ne sera prise pour que l’or du FMI serve les objectifs de développement. Car pour les Américains, « les éventuels bénéfices reviennent de plein droit aux pays donateurs initiaux et à leurs contribuables ». Le Congrès propose juste de restituer l’or à sa valeur comptable. Les États-Unis recevraient ainsi 23 % du stock en payant 1,1 milliard de dollars pour une valeur commerciale de 9,2 milliards.

© The Financial Times et J.A./l’intelligent 2005.
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